Agressions en série contre des contrôleurs
Le Parquet fédéral a condamné sept personnes pour des violences ou menaces commises au moment du contrôle des billets. Des agents de sécurité privée ont aussi été agressés dans les gares
De jour ou de nuit, hommes ou femmes, jeunes ou plutôt âgés, déjà condamnés ou novices en matière pénale, ils ont en commun d’avoir agressé verbalement ou physiquement des contrôleurs CFF à partir de situations parfaitement anodines. En trente jours, le Ministère public de la Confédération (MPC), compétent sur les questions de sûreté de l’Etat à l’échelle fédérale, a condamné sept individus pour «violence ou menace contre les fonctionnaires» que sanctionne l’article 285 du Code pénal. Autant dire que l’assurance de protection juridique des CFF, Fortuna, tourne à plein régime, même si l’ancienne régie fédérale refuse de communiquer à ce sujet.
Une jeune femme de 21 ans a ainsi menacé et insulté une contrôleuse dans le train en Argovie. Elle a écopé d’une amende de 1800 francs avec sursis, d’une autre à payer de 300 francs et doit s’acquitter des frais de justice, à 500 francs. Entre Yverdon et Lausanne, un homme âgé de 55 ans a donné un coup d’épaule et s’est montré agressif envers un agent qui lui demandait son billet. Au vu de ses revenus, l’amende prononcée par ordonnance pénale est plus faible dans son cas.
Un soir de mai, entre La Chaux-de-Fonds et Le Locle, un rentier AI du même âge a refusé de fournir son titre de transport et bousculé à plusieurs reprises un employé. Il avait déjà été condamné cinq fois lors des dix dernières années, pour des délits mineurs. Sans masque, il a délibérément postillonné au visage de son interlocuteur tout en l’insultant à maintes reprises. Dans le canton de Vaud, un autre homme de 41 ans, également dénué de masque, a proféré des menaces de mort contre l’agent venu lui rappeler ses obligations sanitaires. Il avait déjà été condamné à deux reprises pour des faits similaires.
Tatouage inquiétant
Dans les gares, les agents de sécurité privée, assimilés à des fonctionnaires lorsqu’ils exercent un mandat pour le compte de la Confédération, ne sont pas en reste, comme en témoignent des cas survenus à Genève et à Hinwil, dans le canton de Zurich. Dans cette commune alémanique, un homme de 36 ans a refusé d’éteindre sa cigarette, puis menacé deux agents tout en leur signalant, en exhibant son tatouage, sa pratique du MMA, un sport de combat.
Dans son rapport de gestion 2020, le Ministère public de la Confédération constate «une augmentation des cas de violence et de menaces à l’encontre des autorités et des fonctionnaires». Du côté des CFF, on relève que ces petites agressions surviennent en moyenne tous les deux ou trois jours, statistique à mettre en relation avec les quelque 10 000 trains circulant quotidiennement sur le réseau national. Le porte-parole, Frédéric Revaz, souligne cependant que cette tendance est restée stable ces dernières années.
«Une plainte est déposée systématiquement lorsqu’une agression est constatée», poursuit-il. Les agents peuvent alors recourir à une cellule de soutien psychologique, voire à des psychologues externes dans les cas les plus graves. Des formations sont également dispensées au personnel pour «maîtriser la «désescalade» des situations conflictuelles», précisent encore les CFF. ■
Sans masque, un interlocuteur a délibérément postillonné au visage d’un contrôleur tout en l’insultant à maintes reprises