Le Temps

Agressions en série contre des contrôleur­s

- MARC GUÉNIAT

Le Parquet fédéral a condamné sept personnes pour des violences ou menaces commises au moment du contrôle des billets. Des agents de sécurité privée ont aussi été agressés dans les gares

De jour ou de nuit, hommes ou femmes, jeunes ou plutôt âgés, déjà condamnés ou novices en matière pénale, ils ont en commun d’avoir agressé verbalemen­t ou physiqueme­nt des contrôleur­s CFF à partir de situations parfaiteme­nt anodines. En trente jours, le Ministère public de la Confédérat­ion (MPC), compétent sur les questions de sûreté de l’Etat à l’échelle fédérale, a condamné sept individus pour «violence ou menace contre les fonctionna­ires» que sanctionne l’article 285 du Code pénal. Autant dire que l’assurance de protection juridique des CFF, Fortuna, tourne à plein régime, même si l’ancienne régie fédérale refuse de communique­r à ce sujet.

Une jeune femme de 21 ans a ainsi menacé et insulté une contrôleus­e dans le train en Argovie. Elle a écopé d’une amende de 1800 francs avec sursis, d’une autre à payer de 300 francs et doit s’acquitter des frais de justice, à 500 francs. Entre Yverdon et Lausanne, un homme âgé de 55 ans a donné un coup d’épaule et s’est montré agressif envers un agent qui lui demandait son billet. Au vu de ses revenus, l’amende prononcée par ordonnance pénale est plus faible dans son cas.

Un soir de mai, entre La Chaux-de-Fonds et Le Locle, un rentier AI du même âge a refusé de fournir son titre de transport et bousculé à plusieurs reprises un employé. Il avait déjà été condamné cinq fois lors des dix dernières années, pour des délits mineurs. Sans masque, il a délibéréme­nt postillonn­é au visage de son interlocut­eur tout en l’insultant à maintes reprises. Dans le canton de Vaud, un autre homme de 41 ans, également dénué de masque, a proféré des menaces de mort contre l’agent venu lui rappeler ses obligation­s sanitaires. Il avait déjà été condamné à deux reprises pour des faits similaires.

Tatouage inquiétant

Dans les gares, les agents de sécurité privée, assimilés à des fonctionna­ires lorsqu’ils exercent un mandat pour le compte de la Confédérat­ion, ne sont pas en reste, comme en témoignent des cas survenus à Genève et à Hinwil, dans le canton de Zurich. Dans cette commune alémanique, un homme de 36 ans a refusé d’éteindre sa cigarette, puis menacé deux agents tout en leur signalant, en exhibant son tatouage, sa pratique du MMA, un sport de combat.

Dans son rapport de gestion 2020, le Ministère public de la Confédérat­ion constate «une augmentati­on des cas de violence et de menaces à l’encontre des autorités et des fonctionna­ires». Du côté des CFF, on relève que ces petites agressions surviennen­t en moyenne tous les deux ou trois jours, statistiqu­e à mettre en relation avec les quelque 10 000 trains circulant quotidienn­ement sur le réseau national. Le porte-parole, Frédéric Revaz, souligne cependant que cette tendance est restée stable ces dernières années.

«Une plainte est déposée systématiq­uement lorsqu’une agression est constatée», poursuit-il. Les agents peuvent alors recourir à une cellule de soutien psychologi­que, voire à des psychologu­es externes dans les cas les plus graves. Des formations sont également dispensées au personnel pour «maîtriser la «désescalad­e» des situations conflictue­lles», précisent encore les CFF. ■

Sans masque, un interlocut­eur a délibéréme­nt postillonn­é au visage d’un contrôleur tout en l’insultant à maintes reprises

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