Inquiétudes pour la santé d’une Suissesse détenue en Biélorussie
Condamnée il y a plus d’un an pour sa participation aux manifestations contre le régime, Natallia Hersche a été transférée dans une prison de haute sécurité
tElle a fêté son 52e anniversaire mercredi dans la prison No 4 de Moguilev. Le lendemain, l’association biélorusse de défense des droits humains Viasna s’inquiétait d’une dégradation de l’état de santé de Natallia Hersche, indiquant que «le médecin de la prison ne permet pas au frère de Natallia de lui faire passer le médicament nécessaire».
La vie de cette binationale suisso-biélorusse établie dans le canton de Saint-Gall a basculé en septembre 2020. Un mois plus tôt, la réélection d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, déclenche des manifestations à large échelle. Jugé frauduleux par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le scrutin pousse Européens et Américains à imposer de nouvelles sanctions contre le régime. Natallia Hersche rejoint Minsk pour participer au mouvement populaire avant d’être arrêtée le 19 septembre 2020. Accusée d’avoir arraché la cagoule d’un policier, elle est condamnée à 2 ans et demi de prison. Quel est l’état de santé actuel de la quinquagénaire, qui a déjà conduit plusieurs grèves de la faim? «Je ne suis pas au courant d’une dégradation», confie au Temps l’un de ses proches en Suisse. «Mais nous n’obtenons des informations fiables que grâce aux visites que Claude Altermatt, l’ambassadeur de Suisse en Biélorussie, lui rend régulièrement.»
La dernière entrevue entre celui-ci et la prisonnière remonte au 4 octobre. Contacté, le Département fédéral des affaires étrangères indique que, «à ce moment, Mme Hersche, dans ces circonstances, allait bien. L’ambassade à Minsk est en contact avec la direction de la prison afin que certains médicaments soient administrés à Mme Hersche.»
Inflexible face à l’offre des autorités biélorusses
Fin septembre, le DFAE avait confirmé que la Suissesse avait quitté la colonie pénitentiaire pour femmes de Gomel pour être envoyée à Moguilev. Selon la radiotélévision alémanique SRF, son avocat n’était pas présent lorsque le tribunal en a décidé ainsi le 24 septembre, et les conditions de détention dans la prison No 4 de cette ville proche de la frontière russe sont connues pour leur dureté.
Natallia Hersche, qui se trouverait désormais dans une aile de haute sécurité de l’établissement, paierait le prix de son insoumission, notamment ses grèves de la faim et son refus de participer aux travaux collectifs, comme la confection d’uniformes. Après sa dernière visite le 4 octobre, l’ambassadeur Altermatt décrivait des «conditions stables, quoique compliquées après plus d’une année d’incarcération».
Natallia Hersche paierait le prix de son insoumission
Selon les recherches du Tages-Anzeiger, la détenue, qui se considère comme une prisonnière politique, se montrerait inflexible face à l’offre que les autorités biélorusses auraient formulée: demander une grâce en échange de sa libération. Le DFAE ne confirme pas explicitement, mais indique au Temps que «des discussions ont eu lieu avec le Ministère des affaires étrangères biélorusse. Ce dernier a indiqué une voie possible pour la libération de Mme Hersche. Celle-ci est informée de cette voie.» ■