Le Temps

«Son oeuvre est ma principale référence»

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Les esprits étroits auraient tendance à dire que les chansons de Georges Brassens, c’est comme la musique reggae: c’est toujours la même chose. Une guitare, une contrebass­e, une voix et puis c’est tout (à quelques exceptions près dont le super Maman, papa en featuring avec Patachou). Une apparente indigence musicale qui cache, en réalité, un royaume. Chez Brassens comme en Jamaïque. Derrière son fameux «poum-pa poum-pa» on découvre des enchaîneme­nts d’accords altérés complexes (les guitariste­s qui s’y sont essayés savent) et des mélodies indélébile­s (écoutez A mon frère revenant d’Italie, Les Passantes, Le mouton de Panurge).

Son oeuvre est, depuis vingt ans, ma principale référence. Je l’ai mangé entièremen­t, plusieurs fois. La plupart de ses airs sont imprimés en moi et pourraient sortir sur commande. Pourquoi, en fait? Parce que les chansons de Brassens mélangent le petit quotidien et la grande histoire, le sexe et la politique, le tout emballé dans l’humour et le cynisme (écoutez Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Mourir pour des idées, La guerre de 14-18).

Je crois qu’une autre chose qui me touche aussi chez lui, c’est son immense fragilité. Le bagarreur du Sud qui a voulu devenir poète. Il a bossé comme un fou, lu des pans pour y arriver. Lui qui, malgré son succès, n’a jamais joué devant sa mère. Elle qui n’y a jamais cru. Ajoutez l’impasse, Jeanne, les chats: vous obtenez une légende. Une légende, elle peut être racontée, écoutée et toujours vous réserver des surprises. Ecoutez Georges Brassens, c’est jamais la même chose.

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