Logement: est-ce le moment d’acheter ou de vendre?
Le risque de retournement du marché est nettement plus élevé, à cause de l’inflation, mais une acquisition peut se révéler intéressante sous certaines conditions
Votre situation est-elle stable? Vous sentez-vous l’âme d’une décoratrice d’intérieur? Ou la force de faire face à l’inflation? Ce sont certaines des questions à se poser actuellement au moment d’envisager d’acquérir un bien immobilier en Suisse, selon Hervé Froidevaux, conseiller indépendant, intervenu ce jeudi lors du Forum Immobilier organisé par Le Temps à Lausanne. Après quinze ans de hausse des prix, l’inflation a rebattu les cartes dans un secteur presque systématiquement associé à la notion de bulle en Suisse. Quelles réflexions mener avant de procéder à l’une des opérations les plus importantes de la vie d’un individu? Quelques pistes.
L’immobilier suisse a encore progressé de 5 à 10% l’an dernier mais il n’est pas en situation de bulle, a affirmé Hervé Froidevaux, qui fut longtemps associé de Wüest Partner. Car des fondamentaux restent sains, entre pénurie de terrains, croissance démographique et le télétravail qui alimente la demande. A plus brève échéance cependant, «le risque de retournement du marché est beaucoup plus marqué», à cause de l’inflation, initiée par la pandémie de covid et exacerbée par la guerre en Ukraine.
L’inflation, clé de la réflexion
La hausse des prix influence le niveau des taux d’intérêt – «qui vont remonter, mais on ne sait pas jusqu’où» –, les décisions des investisseurs et les coûts quotidiens des propriétaires (énergie, rénovation, voire construction en cas de projet neuf ).
Dans ce contexte, un acquéreur potentiel doit orienter sa réflexion autour d’une dizaine de points, selon Hervé Froidevaux. Souhaite-t-il occuper le logement ou le louer? Le rendement locatif, actuellement très proche du niveau des taux hypothécaires à 2 à 2,5%, rend la deuxième option moins attractive. Sa situation personnelle et professionnelle est-elle stable? «A court et moyen terme, la progression des prix est derrière nous, mais à long terme, la pénurie de terrain provoquera encore une hausse», estime l’expert.
Les questions sont à peu près les mêmes pour un propriétaire qui envisagerait de vendre, conclut Hervé Froidevaux. Avec une nuance de taille: que faire de l’argent encaissé? «Les placements boursiers restent compliqués et il sera difficile de retrouver un bien équivalent.» ■