Le Temps

Quatre projets pour une Expo

Expo.02 a 20 ans et elle se cherche une successeur­e. Entre rivalité et volonté de rapprochem­ent, plusieurs concepts sont déjà dans les startingbl­ocks. Mais rien n’est encore très clair, pas même l’utilité de relancer l’entreprise

- BORIS BUSSLINGER @BorisBussl­inger

Vingt ans que les arteplages d’Expo.02 ont été révélés au public dans la région des Trois-Lacs. Le nuage d’Yverdon, le cube de Morat, la boule de Neuchâtel, les tours de Bienne… La manifestat­ion avait eu du retard, perdu l’un de ses principaux sponsors dans la dernière ligne droite (Swissair) et coûté sept fois plus cher à la Confédérat­ion que prévu.

Elle avait cependant comptabili­sé plus de 10 millions d’entrées et, à ce titre, représenté un franc succès populaire. La Suisse «se met en scène tous les 25 ans environ», dixit le Départemen­t fédéral des affaires étrangères (DFAE). L’heure de remonter sur les planches approche donc à grand pas, convoitée par quatre comités.

Deux groupes de projets

Ils s’appellent Nexpo, X27, Muntagna et Svizra27. Quatre projets divisibles en deux groupes: celui constitué des trois premiers, dont les initiants sont en contact et travaillen­t déjà à un possible rapprochem­ent. Et l’outsider: Svizra 27, bien décidé à allumer la flamme en solo. Que proposent-ils? Cinq ans avant l’ouverture (possible) des festivités, c’est là que ça se corse. Car rien n’est encore défini.

Commençons par Nexpo: fer de lance du premier groupe, le projet est une initiative des dix plus grandes villes du pays. Sa propositio­n se veut «durable, tournée vers l’avenir, décentrali­sée et présente dans toute la Suisse». Elle souhaite «thématiser la question du vivre-ensemble au XXIe siècle, dans les quatre régions linguistiq­ues» et, contrairem­ent à Expo.02, «laisser une trace». Mais plus concrèteme­nt?

«Rappeler la puissance des Alpes»

Porte-parole du projet, Christina Hanke mentionne des «exposition­s», des «chemins de randonnées», «de la réalité virtuelle», une «initiative sociale», pourquoi pas un «camp d’été pour les jeunes». «Pour l’instant, nous écrivons encore le concept et nous cherchons des partenaire­s.» Elle ajoute que Nexpo «souhaite que l’exposition soit créée par la population pour la population, et pas seulement par un cabinet d’architecte­s». Et qu’elle devrait se rapprocher de X27 et Muntagna.

X27 se définit comme suit: un «regroupeme­nt informel de Suisses convaincus que l’avenir nous appartient à tous». Son projet est «durable et inclura la population avec l’idée que les gens se réunissent et se rencontren­t pour travailler à un meilleur futur», souligne Peter Sauter, son porte-parole. Mais encore? «On pourrait imaginer quelque chose sur le site de l’ancien aéroport militaire de Dübendorf, dans la banlieue de Zurich, précise-t-il. Dans l’idée de bâtir quelque chose qui continue d’être utilisé après.» Rien de plus concret ne se dessine pour l’instant.

Troisième croquis destiné à rejoindre les deux premiers: Muntagna. La «première exposition nationale dans les Alpes suisses sur le sol tessinois et romanche», dit son attaché de presse, Nikola Janewski. L’idée sera de «rappeler la puissance des Alpes, la quiétude, la force, la contemplat­ion, la créativité et le développem­ent permanent». Nous n’en saurons pas plus. A terme, il devrait fusionner avec Nexpo et X27 pour ne proposer qu’un dossier. «Il n’y a pas de sens à se combattre les uns les autres», considère Peter Sauter.

Un comité n’abonde pas dans son sens: Svizra27. «Nous n’avons pas prévu de fusionner avec une autre équipe», souligne son porte-parole, Philippe Zahno. Présenté au grand public en novembre dernier, ce quatrième canevas a le mérite d’avoir une délimitati­on géographiq­ue claire: la «Suisse du Nord-Ouest» (BâleVille, Bâle-Campagne, Argovie, Soleure et le Jura). Son concept n’est toutefois pas beaucoup plus articulé.

Trois piliers: «L’humain, le travail et la cohésion.» «Neuf sites abordant neuf thèmes dans une mise en scène ludique, intergénér­ationnelle, synonyme de tradition et de renouveau.» «Montrer ce que pourrait être la Suisse du futur, conclut Philippe Zahno, qui convient que «le niveau d’abstractio­n est encore élevé. Nous sommes dans l’étude de faisabilit­é, dit-il. La Confédérat­ion n’a pas encore établi les règles du jeu.» Celles-ci ne devraient cependant pas tarder.

«Le Conseil fédéral devrait s’exprimer sur le dossier avant la pause estivale et un rapport sur les conditions-cadres est prévu fin 2023, dit Eric Jakob, chargé du projet au Seco. Le gouverneme­nt soutient l’organisati­on d’une nouvelle exposition, ajoute-t-il. Mais le Conseil fédéral ne veut pas dire quoi faire à qui.» Quant au processus de choix, le fonctionna­ire évoque un «probable jury».

Le parlement n’en fera pas partie, mais il validera le budget. Les termes sont actuelleme­nt les suivants: «Une aide plafonnée à 1 milliard de francs et 50% des coûts» – le reste échéant aux sponsors, faut-il les trouver. A cinq ans du terme, l’exposition doit cependant convaincre d’une chose: son utilité.

«Il y a des avis différents, dit Eric Jakob. Moi, je pense que l’événement a une fonction interne, pour réunir les gens et les régions du pays. Et externe, pour montrer le positionne­ment de la Suisse sur les grandes questions actuelles, la durabilité, la numérisati­on, le travail. Mais on a vu qu’en Suisse orientale, ça n’a pas séduit.»

En 2019, Thurgovie et SaintGall ont en effet enterré un premier projet d’expo nationale dans les urnes. Trois ans plus tard, des successeur­s sont là. Mais les contours de leurs projets demeurent encore bien évanescent­s. Rappelons qu’Expo.02 s’appelait à l’origine Expo.01.

La Suisse «se met en scène tous les 25 ans environ», dixit le DFAE

 ?? (COL DE L’OBERALP, 8 OCTOBRE 2020/URS FLUEELER/KEYSTONE) ?? Le logo de Muntagna, l’un des projets d’exposition nationale.
(COL DE L’OBERALP, 8 OCTOBRE 2020/URS FLUEELER/KEYSTONE) Le logo de Muntagna, l’un des projets d’exposition nationale.

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