En Valais, bientôt de l’alcool en libre-service?
Ce qui est valable pour les cigarettes devrait l’être pour l’alcool, estime Patrice Walpen, le président du salon Agrovina. Son combat est salué par le ministre de l’Economie Christophe Darbellay. Et une solution semble se dessiner, malgré la législation fédérale, qui interdit la vente d’alcool en libre-service
La vente directe, c’est l’avenir. Patrice Walpen, le directeur du salon Agrovina en est convaincu. La 14e édition de l’événement, qui a eu lieu début avril à Martigny, était d’ailleurs consacrée à la thématique des circuits courts. Mais le patron de la cave Chai du Baron à Bramois (VS) veut voir plus loin. Il rêve de pouvoir vendre, dans un magasin de produits du terroir, de l’alcool en libre-service, ce que la loi interdit, pour l’heure.
Pour étayer son argumentation, le Valaisan tire un parallèle entre l’alcool et le tabac. «En scannant sa carte d’identité, il est possible d’acheter des cigarettes en libre-service, dans un automate. Pourquoi cette solution ne serait-elle pas envisageable pour le vin, l’abricotine ou tout autre produit du terroir alcoolisé?» interroge Patrice Walpen. Il imagine aussi des petits magasins en libre-service, sans personnel, «les exploitations n’ayant pas les moyens de se le payer».
Un écho à l’échelon politique
Le combat de Patrice Walpen trouve un écho à l’échelon politique. Le ministre valaisan de l’Economie, Christophe Darbellay, salue la démarche. «Toutes les initiatives dont l’objectif est de vendre les produits directement au consommateur sont bénéfiques», appuie le conseiller d’Etat, qui réfléchit à un moyen de donner suite à ce projet. Et ce malgré la législation fédérale, qui interdit la vente d’alcool en libre-service.
«Ce qui est envisageable, c’est de considérer ces échoppes comme des magasins. Cette solution permettrait la vente d’alcool, s’il existe un système permettant de vérifier l’âge des clients. En outre, s’il s’agit de magasins d’alimentation et que leur surface est inférieure à 100 m2, ils pourraient ouvrir jusqu’à 20h en semaine et 12h les dimanches ainsi que les jours fériés», détaille le ministre centriste.
«Un peu de concurrence aux stations-services»
Le rêve de Patrice Walpen d’avoir des locaux ouverts 7j/7 et 24h/24 ou des automates ne semble donc pas réalisable. «Pour moi, s’il existe un contrôle de l’âge du consommateur, je ne vois pas pourquoi cela pose un problème. Mais la loi est telle qu’elle est», souligne Christophe Darbellay, reprenant lui aussi l’exemple de la cigarette.
La solution semble donc être celle de petits magasins, proposant salaisons, fromages, fruits, légumes et autres vins, bières artisanales et eaux-de-vie, aux heures d’ouverture quelque peu élargies. «Cela offrirait un peu de concurrence aux stations-services. Ces dernières ont des heures d’ouverture élargies, pour répondre aux besoins spécifiques des voyageurs. Une possibilité offerte par le droit fédéral, mais appliquée de façon très large», analyse le ministre valaisan.
Produits du terroir
Si Patrice Walpen ne cache pas qu’il y a un intérêt personnel derrière son combat – lui-même souhaitant pouvoir vendre ses vins en libre-service –, il assure qu’il le mène pour que tout le monde puisse en profiter. Tout le monde, vraiment? «Je me bats principalement, pour ne pas dire exclusivement, pour les produits du terroir», répond-il. Mais là aussi, sa volonté se heurte à la législation. «Il est impossible d’imaginer une solution spécifique aux produits du terroir, indique Christophe Darbellay. Ce serait de la discrimination et contraire à la liberté de commerce.»
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«Toutes les initiatives dont l’objectif est de vendre les produits directement au consommateur sont bénéfiques»
CHRISTOPHE DARBELLAY, MINISTRE VALAISAN DE L’ÉCONOMIE