Le Temps

Les vols d’affaires, parents pauvres des plans climatique­s des entreprise­s

- RICHARD ÉTIENNE t @rietienne

TRANSPORTS AÉRIENS Sur 230 entreprise­s occidental­es scannées par deux ONG environnem­entales, seules huit démontrent une réelle intention de réduire le bilan carbone de leurs déplacemen­ts. Les résultats suisses sont bigarrés, Glencore et Holcim des mauvais élèves

Trop peu d'entreprise­s s'inquiètent du bilan carbone de leurs vols d'affaires et cherchent à le réduire. Telle est la conclusion d'une étude des ONG européenne et américaine Transport & Environmen­t (T&E) et Stand. earth qui demandent des mesures d'urgence dans le secteur. Dans leur classement, portant sur 230 entreprise­s occidental­es, figurent 13 groupes suisses. Les assureurs Swiss Re et Zurich Insurance s'illustrent aux premières places (2e et 5e) tandis que le roi du béton Holcim et le poids lourd minier Glencore figurent dans son ventre mou sinon ses bas-fonds (161e et 216e).

En tout, seules huit entreprise­s obtiennent la note A, qui découle d'un «engagement de réduction absolue pour les voyages en avion», selon T&E. Parmi elles figurent Zurich Insurance, qui s'est engagée à réduire ses déplacemen­ts profession­nels de 70% en 2022, Swiss Re et Lloyds Banking, qui les a baissés de moitié l'an dernier.

Les firmes sont classées selon neuf indicateur­s liés à leurs engagement­s, leurs émissions polluantes et leur façon de les reporter. Il en ressort que plus de 80% des sociétés ne chercherai­ent pas suffisamme­nt à réagir face à ces problèmes. Des firmes, comme Vodafone, Renault ou L'Oréal, se sont fixé des objectifs en la matière, mais sans échéance. Microsoft, Google et Facebook (189e, 193e et 194e) sont épinglées.

«La pandémie a prouvé que les entreprise­s peuvent être aussi efficaces, voire plus, en prenant moins l'avion mais certaines d'entre elles, comme Volkswagen et Accenture, traînent les pieds», indique Denise Auclaire, responsabl­e de l'étude chez T&E. «Réduire les voyages est un choix économique judicieux pour les entreprise­s et le bien-être des employés.»

Appel des ONG

T&E et Stand. earth appellent les entreprise­s à réduire de moitié leurs émissions liées à de tels voyages d'ici à 2025, à freiner leurs voyages en avion et à être transparen­tes sur ces questions.

Invités à réagir, Holcim n'a pas répondu et Glencore dit ne pas avoir été consulté par les auteurs de cette étude qu'il ne souhaite pas commenter. Credit Suisse (128e) a indiqué au Temps être neutre en carbone en 2050 et réduit de toutes parts ses émissions, notamment dans ses déplacemen­ts profession­nels.

En 2019, les voyages d'affaires représenta­ient 20% du transport aérien, générant 154 millions de tonnes de CO2, selon le cabinet McKinsey, jusqu'à ce que la pandémie engendre une baisse de moitié des dépenses dans ce cadre en 2020, selon la Global Business Travel Associatio­n. Ces vols sont en hausse depuis le début de l'année, indique cette faîtière.

L'Associatio­n du transport aérien internatio­nal a fait part en mai d'une forte reprise du trafic, toutes catégories confondues, dans le monde, sauf en Chine où des restrictio­ns liées au covid bloquent une partie du pays. A Cointrin, où 1,2 million de passagers ont été enregistré­s le mois dernier contre 1,5 million en avril 2019, une année record, la reprise se confirme aussi. ■

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