Les vols d’affaires, parents pauvres des plans climatiques des entreprises
TRANSPORTS AÉRIENS Sur 230 entreprises occidentales scannées par deux ONG environnementales, seules huit démontrent une réelle intention de réduire le bilan carbone de leurs déplacements. Les résultats suisses sont bigarrés, Glencore et Holcim des mauvais élèves
Trop peu d'entreprises s'inquiètent du bilan carbone de leurs vols d'affaires et cherchent à le réduire. Telle est la conclusion d'une étude des ONG européenne et américaine Transport & Environment (T&E) et Stand. earth qui demandent des mesures d'urgence dans le secteur. Dans leur classement, portant sur 230 entreprises occidentales, figurent 13 groupes suisses. Les assureurs Swiss Re et Zurich Insurance s'illustrent aux premières places (2e et 5e) tandis que le roi du béton Holcim et le poids lourd minier Glencore figurent dans son ventre mou sinon ses bas-fonds (161e et 216e).
En tout, seules huit entreprises obtiennent la note A, qui découle d'un «engagement de réduction absolue pour les voyages en avion», selon T&E. Parmi elles figurent Zurich Insurance, qui s'est engagée à réduire ses déplacements professionnels de 70% en 2022, Swiss Re et Lloyds Banking, qui les a baissés de moitié l'an dernier.
Les firmes sont classées selon neuf indicateurs liés à leurs engagements, leurs émissions polluantes et leur façon de les reporter. Il en ressort que plus de 80% des sociétés ne chercheraient pas suffisamment à réagir face à ces problèmes. Des firmes, comme Vodafone, Renault ou L'Oréal, se sont fixé des objectifs en la matière, mais sans échéance. Microsoft, Google et Facebook (189e, 193e et 194e) sont épinglées.
«La pandémie a prouvé que les entreprises peuvent être aussi efficaces, voire plus, en prenant moins l'avion mais certaines d'entre elles, comme Volkswagen et Accenture, traînent les pieds», indique Denise Auclaire, responsable de l'étude chez T&E. «Réduire les voyages est un choix économique judicieux pour les entreprises et le bien-être des employés.»
Appel des ONG
T&E et Stand. earth appellent les entreprises à réduire de moitié leurs émissions liées à de tels voyages d'ici à 2025, à freiner leurs voyages en avion et à être transparentes sur ces questions.
Invités à réagir, Holcim n'a pas répondu et Glencore dit ne pas avoir été consulté par les auteurs de cette étude qu'il ne souhaite pas commenter. Credit Suisse (128e) a indiqué au Temps être neutre en carbone en 2050 et réduit de toutes parts ses émissions, notamment dans ses déplacements professionnels.
En 2019, les voyages d'affaires représentaient 20% du transport aérien, générant 154 millions de tonnes de CO2, selon le cabinet McKinsey, jusqu'à ce que la pandémie engendre une baisse de moitié des dépenses dans ce cadre en 2020, selon la Global Business Travel Association. Ces vols sont en hausse depuis le début de l'année, indique cette faîtière.
L'Association du transport aérien international a fait part en mai d'une forte reprise du trafic, toutes catégories confondues, dans le monde, sauf en Chine où des restrictions liées au covid bloquent une partie du pays. A Cointrin, où 1,2 million de passagers ont été enregistrés le mois dernier contre 1,5 million en avril 2019, une année record, la reprise se confirme aussi. ■