Le Temps

Bad Bunny, l’été en bouteille

- Virginie Nussbaum

Ce n'est pas un lapin, c'est un lièvre – plus rapide et malin que celui de La Fontaine. Vendredi dernier, la sortie de son quatrième album voyait Bad Bunny exploser tous les records, raflant la couronne de l'artiste le plus streamé sur Spotify en un jour. Sans surprise: le Portoricai­n et sa latin trap dominaient déjà la plateforme en 2020 et 2021. Etrange phénomène que cet animal à la course folle, resté relativeme­nt méconnu de ce côté-ci de l'Atlantique. A 28 ans, Bad Bunny compte pourtant parmi les pop stars les plus puissantes de l'industrie, dominant la vague reggaeton qui a déferlé sur le monde il y a cinq ans. Son histoire, celle d'un employé de supermarch­é dont les sons attirent l'attention d'un producteur, est irrésistib­le, tout comme ses looks impayables. Et son art du mélange des genres. On retrouve ces savoureux cocktails sur Un verano sin ti, 23 titres (!) qui explorent plus de territoire­s que jamais – reggaeton mais aussi house, électro-pop, mambo ou bossa-nova. L'album n'en reste pas moins cohérent dans son désir de légèreté solaire, quoique un brin mélancoliq­ue, agrémenté de vagues et cris des mouettes. «A écouter en été sur la plage, comme une playlist», précisait-il au New York Times. Une plage du pays de préférence, lui qui invite, plutôt qu'une Dua Lipa, des artistes latins en featuring – comme les Colombiens de Bomba Estéreo. Et qui n'hésite pas à aborder les coupures de courant (El Apagon) ou les violences domestique­s (Andrea) dont souffre Porto Rico. Si Un verano sin ti aurait mérité un élagage, l'album, frais et agile, confirme que Bad Bunny, qui incarnera un super-héros dans un prochain Marvel, est inarrêtabl­e.

Bad Bunny, «Un verano sin ti» (Rimas Entertainm­ent)

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