La victoire du débat sur le combat
Trois larges oui à Frontex, à la «Lex Netflix» et au don d’organes: c’est la victoire d’une campagne explicative, pédagogique et non combative. C’est aussi un succès pour le Conseil fédéral et les Chambres, qui ont été suivis sur toute la ligne par une large majorité de la population. Oublié le 13 février où les autorités avaient été désavouées sur trois des quatre objets soumis au peuple (aide aux médias, droit de timbre et initiative antitabac). Oubliées aussi ces votations extrêmement tendues, que ce soit sur la loi covid ou sur les initiatives anti-pesticides.
C’était alors des combats plus que des débats. Ces campagnes avaient totalement dérapé: menaces de mort, chars à foin incendiés, Palais fédéral barricadé. Des images contraires à la tradition suisse du dialogue et du compromis. Le covid avait probablement joué un rôle dans ces débordements car les échanges habituels avaient été en grande partie remplacés par des invectives, notamment sur les réseaux sociaux.
Cette fois, c’est tout le contraire et la démocratie en sort grande vainqueur. D’autant que ces trois objets de votation interrogeaient la société suisse et son évolution. Dans les domaines de la culture, de la santé et de la migration. Tous ces débats se sont montrés constructifs et ont été abordés sans tabou. Ils ont aussi dépassé les traditionnels clivages gauchedroite.
Certes, il y a eu quelques échanges vifs, notamment sur Frontex, mais cela n’a dépassé aucune limite. Et cela débouche sur des résultats qui sont autant de signaux d’ouverture. Ainsi en introduisant le consentement présumé, la Suisse va enfin pouvoir combler le manque d’organes à transplanter.
Les transplantations se feront plus rapidement et permettront de sauver des vies. Toutefois, des garde-fous ont été maintenus et désormais une très large information doit être menée pour expliquer ce changement profond de paradigme.
Le soutien très clair à Frontex montre que les Suisses sont attachés à collaborer avec l’Union européenne et à participer à une gestion commune de la migration. Ce résultat, applaudi à Bruxelles, donnera aussi une légitimité à la Confédération pour s’impliquer davantage dans la réforme nécessaire du corps européen des garde-frontières.
La «Lex Netflix», elle, est un soutien positif à la culture et là encore le débat a permis de clarifier les multiples enjeux qui entourent la création cinématographique en Suisse. Seul regret de cette journée faste, le taux de participation trop bas au vu de l’importance des sujets.
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Le soutien très clair à Frontex montre que les Suisses sont attachés à collaborer avec l’Union européenne