Le Temps

Applaudiss­ements nourris à Bruxelles

Bruxelles salue le large oui de la Suisse au renouvelle­ment des missions de Frontex. Un vote de confiance particuliè­rement bienvenu après la série de polémiques ayant affecté l’agence

- SOLENN PAULIC, BRUXELLES

Un large oui qui fait du bien. Si la Commission européenne ne nourrissai­t pas trop d’inquiétude­s ces derniers jours quant à l’issue de la votation sur Frontex, le fait que les Suisses aient très largement exprimé leur soutien aux missions d’une agence confrontée à une série de polémiques a été particuliè­rement bien apprécié.

Le vice-président chargé de la promotion du mode de vie européen, Margaritis Schinas, s’est félicité sur Twitter d’un vote «qui réaffirme l’importance que les Suisses accordent à la fois au rôle de Frontex et aux avantages de la libre circulatio­n et de la gestion des frontières».

Un vote qui aidera l’espace Schengen à se renforcer, alors qu’il sort à peine de la pandémie et au moment où l’UE doit «accueillir des Ukrainiens», a dit le responsabl­e grec.

Vote de confiance pour Schengen

Pour l’ambassadeu­r de l’UE en Suisse, Petros Mavromicha­lis, ce oui suisse est surtout un «vote de confiance pour Schengen et la coopératio­n avec l’UE».

Et la confiance, l’agence Frontex en a besoin en ce moment, elle qui se trouve dans la tourmente et dont les dysfonctio­nnements ont été remis en lumière avec la démission de son ancien patron Fabrice Leggeri, accusé d’avoir couvert des pratiques récurrente­s de refoulemen­ts de migrants.

Le vote de dimanche était, en ce sens, scruté par certains eurodéputé­s, comme l’écologiste allemand Erik Marquardt qui avait appelé les Suisses à refuser toute augmentati­on de moyens pour l’agence Frontex, alors que le Parlement européen a lui-même refusé dernièreme­nt de valider les comptes de l’agence pour l’année 2020.

Mais pour l’Allemande Lena Düpont, cheffe du groupe d’enquête du Parlement européen sur l’agence Frontex, ce vote suisse, «plus que bienvenu», est «important» en ce qu’il oblige justement encore plus l’institutio­n à renforcer l’agence, et lui permettre ainsi de passer cette période mouvementé­e.

Un non aurait aussi directemen­t hypothéqué le maintien de la Suisse dans l’espace sans frontières, par ailleurs en cours de réforme, et ouvert une nouvelle crise institutio­nnelle avec l’Union. «Un rejet de Frontex aurait clairement créé une difficulté supplément­aire», affirme aussi le Français Christophe Grudler.

Pour l’eurodéputé allemand Andreas Schwab, ce vote de soutien à Frontex et aux missions aux frontières communes doit donc à ce titre résonner plus largement. Le vote de dimanche montre en effet selon lui que «la majorité de la Suisse voit la valeur ajoutée de la coopératio­n UE-Suisse», a-t-il réagi sur Twitter.

Un signal bienvenu alors que les discussion­s sur l’avenir des relations institutio­nnelles et la suite à donner à la fin de l’accord-cadre, à peine relancées, menacent de s’enliser à nouveau.

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