Un oui franc et européen
Oui à Frontex et oui à l’Europe! A une large majorité de 72%, le peuple suisse a approuvé le «développement du droit Schengen» confirmant la participation de la Suisse à la réforme de l’agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes. Le score est net et sans appel. Le souverain est resté insensible face aux deux messages, en partie contradictoires, des référendaires. Les plus dogmatiques voulaient carrément supprimer Frontex, tandis que les plus modérés prônaient un «non européen», qui aurait ouvert la voie à une politique plus humanitaire de la Suisse. En fin de compte, le peuple n’a pas voulu prendre le risque que la Suisse soit exclue de cette collaboration cruciale, sur un enjeu aussi global que la migration.
Mais il faut reconnaître un grand mérite aux référendaires. Même s’ils l’ont fait de manière trop virulente en affirmant que «Frontex tue», ils ont mis le doigt sur des critiques justifiées faites à une agence européenne dont le budget a grandi de manière exponentielle depuis la crise migratoire de 2015. Il en est résulté une gouvernance qui a abandonné toutes les bonnes pratiques qu’elle préconise pourtant dans ses principes. Plusieurs rapports et enquêtes menés par des ONG et des médias ont montré que l’agence avait couvert des refoulements illégaux (des pushbacks) effectués le plus souvent par les corps nationaux de garde-frontières de l’espace Schengen.
Ces mauvaises pratiques ont conduit au départ logique du directeur exécutif, le Français Fabrice Leggeri. Sa démission est une chance que Frontex doit désormais saisir. L’agence doit concilier deux missions qui le sont difficilement, tout le monde en convient: assurer la sécurité extérieure de l’espace Schengen tout en respectant les droits fondamentaux des migrants, celui notamment de déposer une demande d’asile sur sol européen.
La Suisse, à travers le Conseil fédéral et son représentant au sein du conseil d’administration de Frontex, se doit de participer à la réforme de cette agence. De manière critique et constructive, dans l’esprit de ce dont elle est très fière dans les discours du 1er-Août: son Etat de droit.
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