Un nouveau canal de soutien, mais pas une brèche pour d’autres secteurs
Un fort bon résultat, pas un triomphe. L’issue de la campagne, animée, sur la loi sur le cinéma a de quoi conforter une branche de l’audiovisuel qui n’était pas familière des débats publics. Des cinéastes tractant sur des marchés, c’est peu banal. Cela constitue d’ailleurs la première bonne nouvelle de cette aventure: pour une fois, la fabrication de ces fictions audiovisuelles que l’on conspue – les films suisses ennuyeux, selon les opposants – ou que l’on dévore – les séries qui commencent par «Tadaaam» – a été déballée, les mécanismes incroyablement complexes du secteur ont été un peu discutés.
Cette loi permet un alignement sur la pratique européenne, à la fois le quota des 30% d’oeuvres continentales et l’obligation d’investir dans la production locale. Cette fois, la Suisse évite d’ouvrir un nouveau front avec l’UE, comme avec Frontex. Le refus d’inscrire les 30% dans la loi aurait généré de nouvelles crispations. Surtout, un rejet de cette «Lex Netflix» aurait conforté le pays dans ce rôle un peu benêt de bon élève libéral qui refuse d’exiger des contreparties là où presque tous les autres le font.
La branche peut se réjouir, mais ce vote laisse penser que l’on ne devrait pas aller plus loin: 42% de non, c’est bien plus élevé que le scrutin parlementaire. Il n’y a donc pas lieu d’imaginer l’ouverture de nouvelles brèches, par exemple pour la musique en ligne, dont les modèles d’affaires sont différents. La meilleure nouvelle, peut-être, c’est que ce succès ne renforce pas l’establishment culturel, même si celui-ci a écrit cette loi. L’Office fédéral de la culture (OFC) n’aura pas 1 franc de plus, sauf dans le cas de taxations pour non-investissement. Les moyens demandés aux chaînes de TV étrangères et aux plateformes constitueront un autre canal de soutien, modeste certes, mais qui devrait permettre d’imaginer de nouvelles manières de développer des projets – qui sait, parfois sans l’aval du sacro-saint OFC. Jolie conclusion du vote sur une loi qui, voulue par le gouvernement et l’administration, débouche sur une alternative à ceux-ci.
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