Les plaques de voiture jurassiennes seront moins chères
L’initiative a été soutenue par plus de 83% des votants. Désormais, les Jurassiens ne devraient plus être défavorisés par rapport aux automobilistes des autres cantons. Les opposants craignent des conséquences sur les finances cantonales
Le prix des plaques de voiture a déchaîné les passions dans le Jura. Elles figuraient en effet parmi les plus chères du pays. Le sujet était tellement sensible qu’il s’était même invité dans la Question jurassienne. Lors des différents scrutins concernant l’avenir de Moutier, l’argument était souvent répété par les pro-bernois: «En cas de départ du canton de Berne, vous payerez plus cher vos plaques.»
Déconnexion du parlement
Désormais, les automobilistes jurassiens débourseront moins et se rapprocheront de la moyenne suisse. L’initiative «Les plaques moins chères!» lancée en 2019 a en effet été plébiscitée par 83% des votants. Un score inattendu, d’autant que plusieurs partis et le gouvernement ne soutenaient pas ce texte. Un tel résultat s’explique aussi par les craintes de la population autour de la baisse du pouvoir d’achat.
Cette victoire est aussi celle d’un homme, le député Raoul Jaeggi.
Ancien membre du PDC, désormais vert’libéral, il se bat depuis des années pour cette cause. En 2018, il avait fait une proposition similaire au parlement, qui l’avait rejetée. «Cela prouve la déconnexion du parlement avec les préoccupations de la population.» Pour lui, ce résultat met fin à une violation inacceptable de la loi. «L’Etat encaisse environ 30 millions de francs par an et n’en verse que la moitié pour les routes, alors que c’est l’intégralité qui devrait y être consacrée.»
Soutenus notamment par les sections jurassiennes du Touring Club Suisse (TCS) et de l’Automobile Club Suisse (ACS), les initiants déploraient aussi que le montant de la taxe soit basé uniquement sur le poids des véhicules. D’autres critères devraient être pris en compte à l’avenir. Raoul Jaeggi cite les émissions de CO2 ou la puissance du véhicule.
Du côté des opposants à cette initiative, c’est la soupe à la grimace. Ils ne s’attendaient pas à une telle défaite. «C’est une bonne nouvelle pour les citoyens qui payeront moins cher, mais pas pour l’Etat, qui va perdre entre 3 et 6 millions de francs suivant l’ampleur de la diminution des taxes», réagit Katia Lehmann, présidente du Parti socialiste jurassien. Elle rappelle d’ailleurs que les finances du dernier-né des cantons suisses ne sont pas au mieux. Avec ce vote, elle craint que certains axes routiers soient défavorisés ou que des projets soient enterrés. La socialiste n’était pas choquée que ses concitoyens paient plus que d’autres. «On n’a pas toujours comparé les mêmes choses et il ne faut pas oublier que nous avons un réseau routier très dense pour un petit canton comme le nôtre. A l’avenir, cela sera difficile de faire aussi bien avec moins.»
Raoul Jaeggi ne craint, lui, pas de telles conséquences. Et pour le président du comité d’initiative, il faut désormais aller vite pour alléger le porte-monnaie des Jurassiens. «Théoriquement, le parlement a deux ans pour venir avec un projet, mais j’espère que les autorités auront la décence de ne pas attendre, vu l’ampleur du score. Lorsqu’on reçoit une facture sur laquelle il est écrit «payable dans les 30 jours», rien n’empêche de la payer tout de suite», sourit-il. ■
Un tel résultat s’explique aussi par les craintes de la population autour de la baisse du pouvoir d’achat