Le Temps

Suicides: Lausanne renforce la sécurité du pont Bessières

- CÉLINE ZÜND @celinezund

La municipali­té installe des parois de verre de 1,80 mètre à chaque extrémité de l’édifice, pour prévenir les actes désespérés

Au milieu du pont Bessières, une gerbe de fleurs encore fraîche appelle les passants à la mémoire d’un inconnu. Les employés de la ville laissent, à dessein, les symboles déposés par les familles de défunts. Ils servent aussi de prévention anti-suicide.

Le dernier cas remonte au début de l’année. Une personne sautait, quelques jours seulement après la fin du Feu solidarité, une veille organisée chaque année pendant les Fêtes par des bénévoles sur le pont, le plus haut de Lausanne avec ses 23 mètres.

Depuis 2019, plusieurs interventi­ons, au Conseil communal, réclamaien­t à la ville d’améliorer la sécurité autour de l’édifice. Il aura fallu le contexte anxiogène amené par le virus du Covid-19 pour faire bouger les lignes.

Hausse des tentatives

La municipali­té a décidé d’installer des parois de verre hautes d’1,80 mètre à chaque extrémité de l’ouvrage de béton et de métal, tout autour des quatre obélisques de pierre, la grande majorité (80%) des tentatives survenant dans cette zone.

«Depuis le début de la pandémie, les milieux de la prévention ont attiré notre attention sur une hausse des tentatives de suicide de manière générale, et en particulie­r depuis le pont Bessières», relève Patrick Etournaud, chef du service de la mobilité et des aménagemen­ts des services publics de la ville de Lausanne.

Les travaux à 70 000 francs ont commencé ce lundi et dureront trois semaines. La ville comptait installer les parois au début de l’année, mais des retards liés aux pénuries de matériaux l’ont contrainte de reporter les travaux. En tout, 24 mètres linéaires de verre résistant aux chocs seront déployés pour ceinturer les blocs de pierre aux pieds du pont.

«Tout obstacle est utile»

Les autorités, qui mènent des réflexions depuis 2021 avec les milieux de la prévention du suicide et le service du patrimoine, envisagent d’autres mesures d’ici à 2023. Elles ont d’ores et déjà écarté l’option des filets de sécurité – souvent mentionnés en exemple – pour des raisons pratiques, financière­s, et de protection du patrimoine: ils sont jugés inesthétiq­ues, et leur entretien représente à lui seul un enjeu de sécurité.

C’est la troisième sécurisati­on du pont Bessières. Au début des années 1970, Lausanne rehaussait une première fois les barrières de son monument emblématiq­ue, de 1,1 à 1,3 mètre. En 2003, à l’occasion de la rénovation de l’infrastruc­ture, les balustrade­s passaient à 1,55 mètre. Leur inclinaiso­n a aussi été conçue pour rendre plus difficile leur franchisse­ment. Avec, cette fois, des effets: les suicides ont chuté de moitié, passant de quatre à deux par année.

Pour Léonore Dupanloup, responsabl­e communicat­ion auprès de Stop Suicide, il s’agit d’un renfort bienvenu: «Une personne en crise suicidaire est dans une ambivalenc­e entre son désir d’arrêter ses souffrance­s, et son instinct de vie qui est toujours là. Jusqu’au dernier moment, le moindre obstacle peut faire revenir la personne du côté de la vie, même si elle semble très déterminée. Tout ce qui peut interrompr­e son geste est utile.» Elle rappelle qu’en cas de besoin, les personnes qui souhaitent parler, ou demander de l’aide, peuvent composer le 143, numéro de La Main Tendue. ■

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