«J’avais l’impression d’être la seule personne queer de l’école»
Pour parler des personnes derrière les chiffres, l’association vaudoise Vogay donne la parole à plusieurs jeunes via des témoignages vidéo. Maxime a 23 ans et vit à Bienne. Il raconte un parcours scolaire émaillé par les brimades. «J’ai été assigné femme à la naissance. Mais je me considère comme non-binaire. Mes difficultés ont commencé au secondaire, quand une personne à qui j’avais fait des confidences a raconté autour d’elle que j’aimais aussi bien les filles que les garçons.
L’information s’est répandue à toute vitesse. J’ai commencé à entendre des insultes, des moqueries. Dans le vestiaire, les filles me disaient «ne me mate pas» en prenant un air de dégoût. J’avais l’impression d’être la seule personne queer de l’école.
Au début, j’ai nié. Puis j’ai fait des recherches sur internet, et j’ai compris que cela n’avait rien de problématique. J’ai donc décidé d’assumer ma bisexualité. Et là, c’était comme si je provoquais. Des garçons venaient me proposer un plan à trois, ou m’interroger de façon gênante sur mes pratiques sexuelles.
Quand j’avais 16 ans, un jour ma mère m’appelle au téléphone. Elle me dit: «Il faut qu’on parle de ton secret.» Je rentre immédiatement, dans l’angoisse. Et quand je me retrouve en face d’elle, elle me lance: «Alors comme ça, tu n’es pas hétéro.» Les rumeurs sur mon compte avaient fait leur chemin jusqu’à la classe de ma jeune soeur. On n’en a pas beaucoup parlé. Mais ma famille a plutôt bien accepté la situation.
En septembre 2021 j’ai fait mon coming out devant ma classe à l’école de commerce. Une prof m’a proposé de prendre le temps, sur son heure de cours, pour annoncer que je suis non-binaire, et que je souhaite que l’on s’adresse à moi au masculin. Cette fois, c’était volontaire, ça s’est super bien passé. Ceux qui refusaient de m’appeler par mon nouveau prénom m’ont simplement ignoré.
Cette année-là, en militant dans la rue pour le mariage pour tous, j’ai revu certains de mes harceleurs de l’école secondaire. Ils me disaient qu’ils allaient voter oui, comme si de rien n’était. Depuis que je suis sortie de l’école, ça va mieux. Ce n’est pas noté sur mon front que je ne suis pas hétéro. Mais je souffre encore aujourd’hui d’un trouble anxieux généralisé.» ■