Les canons à neige, victimes du «ski shaming»
Plusieurs canons à neige en France voisine ou dans les Alpes suisses ont été vandalisés ces derniers temps. Dans notre pays, les stations prennent des mesures mais semblent bien désemparées face au phénomène
Les actes se sont multipliés ces dernières semaines. En France, mais aussi dans les Alpes vaudoises ou valaisannes, plusieurs stations ont vu certains de leurs canons à neige vandalisés. Si les actes n'ont pas été revendiqués, le site d'extrême gauche Renversé.co a publié un texte à ce sujet, en fin d'année dernière, évoquant ces agissements.
Evoquant un champ «recouvert d'une couche blanche faite d'absurdité et de gaspillage», le texte pointe du doigt «la satisfaction des riches». Car, pour ses auteurs restés anonymes, la montagne est en train de devenir «le théâtre de la mégalomanie des plus privilégiés qui ne font même pas semblant de vouloir participer à la tâche collective qu'est la préservation d'un avenir sur terre». Et de poursuivre: «Pendant que la Confédération nous dit d'arrêter de préchauffer nos fours, la bourgeoisie crache au visage des 99% restants et proclame ses divertissements écocidaires hivernaux comme étant un droit.»
En Haute-Savoie, l'un des canons vandalisés avait été tagué: «Pas de ski sans neige», accompagné d'un logo rappelant celui du mouvement écologiste Extinction Rebellion. Membre d'Extinction Rebellion Lausanne, Rodan Bury indique ne pas savoir de qui les actions réalisées en Suisse sont le fait. Mais il estime qu'elles «sont une chance que notre pays peut saisir pour interroger la création de neige artificielle et l'impact carbone du ski». Et de questionner: «Est-ce raisonnable de faire comme si le changement climatique n'existait pas, et de masquer le problème tout en le renforçant sur le long terme? Faut-il décider de mesures, par exemple limiter la quantité de neige artificielle qu'une station a le droit de créer?» Pour lui, la Suisse «a le devoir de prendre des mesures pour mettre en oeuvre ses engagements de réduction d'émissions» et «cela concerne évidemment aussi les stations de ski».
«Comment voulez-vous contrôler tout le domaine?»
Du côté des principales intéressées, le vandalisme est une nouvelle problématique à prendre en considération. Toutes les stations contactées indiquent qu'elles sont désormais plus vigilantes à ce sujet. Elles demandent par exemple à leurs dameurs d'être attentifs durant la nuit aux comportements suspects aux abords des pistes ou contrôlent plus minutieusement les installations de production de neige artificielle avant leur mise en marche. Président de Télé Anzère, Sébastien Travelletti soupire: «Ce n'est pas simple de mettre quelque chose en place. Comment voulez-vous contrôler tout le domaine durant la nuit? C'est impossible… Nous avons 200 bouches de canon, on ne peut pas mettre un Securitas devant chacune d'elles.»
A Verbier, 5 canons sur les quelque 400 que compte le domaine ont été vandalisés. Directeur de Téléverbier, Laurent Vaucher indique qu'il y a désormais «plus de sécurité que par le passé». Mais il refuse de communiquer les mesures mises en place. «Tout est envisageable», se contente-t-il de souligner. Et d'appuyer sur la dangerosité de ces actes de vandalisme, pour les vandales eux-mêmes, si l'installation est sous tension, mais aussi pour les employés du domaine ou les clients de ce dernier. «Un des canons vandalisés est tombé lorsqu'un de nos employés l'inspectait. Cela aurait pu le blesser ou tomber sur un client si la piste avait été ouverte. Plus que du bris de matériel, ces actes sont une mise en danger d'êtres humains», tonne-t-il. Si une plainte a été déposée, Laurent Vaucher indique qu'il n'a, pour l'heure, eu aucun retour à ce sujet. ■