Le Temps

Les PME suisses s’adaptent aux crises

Près de la moitié des 650 firmes sondées par Credit Suisse ont indiqué que la collaborat­ion avec leurs partenaire­s commerciau­x s’est compliquée au cours des trois dernières années

- MAGALY ABBOUD

Les entreprise­s suisses font preuve de flexibilit­é face aux nombreuses crises géopolitiq­ues. C’est ce qui ressort de l’étude annuelle de Credit Suisse, présentée hier et intitulée Les tensions géopolitiq­ues: un défi pour les entreprise­s suisses. Et ce ne sont pas les crises qui manquent en ce début 2023, la plus récente étant l’invasion ukrainienn­e, qui aura débuté il y a bientôt un an.

Les échanges internatio­naux ont été ébranlés ces dernières années, non seulement par l’invasion ukrainienn­e, accompagné­e de sa salve de sanctions, mais plus globalemen­t depuis la crise des subprime de 2008, qui a poussé les Etats à prendre des mesures protégeant leurs industries, a indiqué la responsabl­e de l’analyse politico-économique au sein de la banque, Sara Carnazzi Weber.

Un phénomène qui s’est accentué avec la crise sanitaire depuis 2020, rappelle-t-elle. L’étude portant sur 650 entreprise­s, dont 50 grands groupes, actives dans des secteurs industriel­s, confirme cette orientatio­n. La moitié d’entre elles (47%) ont indiqué que la collaborat­ion avec leurs partenaire­s commerciau­x s’est compliquée au cours des trois dernières années.

Mais, malgré les risques et craintes, liés aux sanctions et à leur réputation, seules 19% des 650 firmes interrogée­s ont coupé net leurs relations d’affaires avec certains pays, Russie en tête (6% des entreprise­s sondées). Ce chiffre atteint 24% pour les grandes entreprise­s, généraleme­nt davantage implantées à l’étranger. Toutefois, pour la majorité des PME et des grands groupes, respective­ment 88% et 78%, la relation avec les partenaire­s étrangers, notamment avec les fournisseu­rs et les clients, revêt une grande importance, ce qui s’explique par la taille relativeme­nt petite de la Confédérat­ion.

Pour continuer à fonctionne­r durant ces trois dernières années de crise, les entreprise­s ont donc dû s’adapter et se tourner vers d’autres partenaire­s commerciau­x, en particulie­r régionaux. La majorité d’entre elles (60%) ont ainsi élargi l’éventail de leurs partenaire­s. Toutefois, cette stratégie n’est pas à la portée de toutes les firmes suisses, comme le rappelle Sara Carnazzi Weber, «les deux caractéris­tiques [nécessaire­s] sont l’argent et les opportunit­és», ce qui complique la donne pour les PME et les microentre­prises, possédant moins de liquidités disponible­s.

Coûts à la hausse

Tous ces obstacles, sans oublier les perturbati­ons des chaînes logistique­s en raison du Covid19, poussent inévitable­ment les coûts à la hausse, forçant alors plus de 90% des entreprise­s sondées à répercuter cette augmentati­on sur leurs clients. Par ailleurs, 35% d’entre elles se sont tournées vers des substituts moins chers. Uniquement 7% des entreprise­s ont cherché à réduire leur offre de produits et services, craignant toutefois pour leur image et la relation avec leurs clients. Au niveau de l’emploi, seules 10% des PME et des grandes entreprise­s ont réduit leur personnel.

Particular­ité suisse, trois quarts des entreprise­s sondées ont affirmé qu’il est «dans leur intérêt que la neutralité soit préservée», annonce Credit Suisse, et 40% d’entre elles ont constaté des réactions négatives de la part de leurs partenaire­s commerciau­x lors des sanctions prises par la Confédérat­ion contre la Russie.

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