Quelle place pour les neuro-atypiques en entreprise?
Peu à peu, les personnes neuro-atypiques font leur apparition sur notre petit écran, tant outre-Atlantique qu’en Asie ou en Europe. Ainsi, parmi les fictions en langue française, Morgane Alvaro, jeune femme à haut potentiel intellectuel et socialement tout à fait inadaptée, rencontre un vif succès d’audience dans la série franco-belge HPI. Astrid Nielsen, jeune femme dont les traits autistiques sont prégnants, cartonne dans une autre série policière, Astrid et Raphaëlle, série dont l’héroïne se targue de permettre un autre regard sur la différence. Sens aigu de l’observation, souci du détail, mémoire phénoménale, capacité hors norme à faire des liens, autant de traits qui rendent ces femmes extrêmement précieuses dans la résolution de complexes affaires de meurtres, en dépit de leurs difficultés d’adaptation au quotidien.
Mais, au-delà de la fiction, quelle place réservons-nous aujourd’hui aux personnes neuro-atypiques ou présentant des troubles du neuro-développement au sein des entreprises?
Personnes présentant un trouble du spectre autistique, sujettes aux troubles de l’attention ou hyperactives, «dys», il n’y a pas un profil neuro-atypique unique, mais bien de multiples profils atypiques et de multiples personnalités, chacune présentant ses propres forces et difficultés.
Ainsi, les personnes présentant un trouble du spectre autistique sont notamment reconnues pour leur capacité d’analyse, leur mode de pensée logique et structuré, leur capacité à penser de manière non linéaire, leur créativité ou leur excellente mémoire. Les principaux freins à leur intégration en entreprise résident probablement dans leur mode de communication souvent très direct, leur difficulté à comprendre l’implicite et le second degré, leur hypersensibilité aux bruits, aux odeurs ou à la lumière.
Il y a quelques années, la multinationale SAP a lancé une vaste campagne de recrutement de personnes présentant un trouble du spectre autistique. Dans le cadre de cette campagne, la société a notamment produit un webcast en cinq épisodes qui s’engage pour changer le regard sur l’autisme dans le monde professionnel et qui promeut l’inclusion des personnes présentant un trouble du spectre autistique. Microsoft et Dell ont également mis sur pied des programmes visant spécifiquement à attirer les profils neuro-atypiques.
Avencod, une société active dans la sous-traitance informatique, accueille depuis sa création il y a six ans, des personnes atteintes du syndrome d’Asperger. La société a adapté son environnement aux besoins spécifiques de ses collaborateurs et de ses collaboratrices, en veillant en particulier à leur offrir un environnement hypostimulant. Aujourd’hui, un salarié sur deux d’Avencod souffre du syndrome d’Asperger et les fondateurs se félicitent de la qualité des prestations et de la rentabilité de leur société.
A l’heure où les entreprises peinent à trouver les talents dont elles ont besoin, ces initiatives sauront-elles se généraliser hors du domaine de la «tech»? Les entreprises pourront-elles reconnaître de manière plus large la valeur ajoutée que peuvent leur apporter des personnes aux profils neuro-atypiques? Auront-elles la capacité d’aménager leurs processus et leur organisation?
Aujourd’hui, les personnes neuro-atypiques ou souffrant d’un trouble du neuro-développement sont mieux diagnostiquées, leurs forces et leurs difficultés sont mieux connues et reconnues. Au-delà du phénomène de mode, leur inclusion répond à un engagement sociétal mais aussi au besoin qu’ont les entreprises de leurs compétences.
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