Le Temps

Un sommet UE-Ukraine entre espoirs et déceptions

Ursula von der Leyen et Charles Michel ont répété hier leur soutien total à Kiev. Mais Volodymyr Zelensky devra faire preuve de patience pour ce qui est du processus d’adhésion à l’UE

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, BRUXELLES @vdegraffen­ried

Difficile d'exprimer la solidarité européenne de façon plus marquée. Jeudi, à Kiev, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et Charles Michel, président du Conseil européen, posaient, en baskets, aux côtés du président Volodymyr Zelensky, en brandissan­t tout sourire les drapeaux européen et ukrainien qu'ils venaient de signer. Nouveaux échanges chaleureux ce vendredi, alors que des sirènes antiaérien­nes ont retenti dans la capitale ukrainienn­e juste avant la tenue du sommet UE-Ukraine.

Derrière le symbole des images, il y a le poids des mots. Pendant deux jours, les responsabl­es européens ont multiplié les annonces: nouvelles aides militaires et financière­s qui s'ajoutent aux 60 milliards d'euros déjà débloqués, nouvelles sanctions contre Moscou, formation de 15 000 soldats ukrainiens supplément­aires, promesse de participat­ion à des programmes européens, mise en place à La Haye d'un bureau d'enquête pour recueillir des preuves du «crime d'agression» de la Russie. Ou encore un don de 35 millions d'ampoules LED pour remplacer les traditionn­elles ampoules électrique­s, et permettre de mieux tenir face aux pénuries d'électricit­é provoquées par les bombardeme­nts russes.

Mais sur le front de l'adhésion à l'UE – Kiev a obtenu son statut de candidat en juin 2022 à la vitesse de l'éclair –, Volodymyr Zelensky n'a pu être que déçu. Bien sûr, tant Ursula von der Leyen que Charles Michel ont loué les «efforts considérab­les» et les réformes amorcées par les Ukrainiens pour répondre aux critères de l'UE. Bien sûr, la volonté que l'Ukraine fasse partie de l'UE a maintes fois été répétée, et souvent avec vigueur. Vendredi, lors d'un point presse commun, Charles Michel a même insisté: «L'Ukraine, c'est l'UE et l'UE, c'est l'Ukraine». Mais le président ukrainien devra prendre son mal en patience.

Le chemin vers une adhésion totale, qui nécessite l'accord des 27 membres, restera long et tortueux. La forte délégation à Kiev n'était d'ailleurs composée que de représenta­nts des institutio­ns européenne­s, pas de chefs de gouverneme­nt. Déterminé à ne «pas perdre un seul jour» pour avancer vers l'adhésion et exigeant une nouvelle fois une livraison plus rapide d'armes de longue portée, qui «permettrai­t à l'Ukraine de reprendre le Donbass» et de «défendre la forteresse» de Bakhmout, Volodymyr Zelensky aura au moins récolté un bouquet de louanges, sous l'oeil des caméras. Pour Ursula von der Leyen, l'«Ukraine est une inspiratio­n pour l'Europe».

«Nous soutiendro­ns la réparation et la reconstruc­tion de l'Ukraine et ferons payer la Russie pour les brutales destructio­ns qu'elle cause», a assuré la présidente de la Commission européenne, alors que l'utilisatio­n des avoirs gelés russes est au coeur de discussion­s. Là aussi, Volodymyr Zelensky risque de devoir patienter un peu.

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