«Des femmes au service du Reich»
Les femmes ont-elles été les témoins passifs d’un génocide mené par des hommes? Pourquoi la justice d’après-guerre a-t-elle nié la violence des femmes? Dans son documentaire Des Femmes au service du Reich, Christiane Ratiney questionne les représentations de la femme mère, douce, pacifique par nature, et rompt avec le tabou de la violence féminine. Une violence qui constituait, jusqu’ici, un angle inexploré de l’histoire de la Shoah.
Cette fois, les images d’archives ne dévoilent pas des soldats en uniforme, mais des adolescentes formées dans l’idéologie nazie et galvanisées par le nouveau régime; des jeunes femmes devenues «gardiennes du sang allemand», au service d’un ordre masculin; des sages-femmes, infirmières ou médecins au pouvoir de vie ou de mort; des administratrices chargées de germaniser les territoires conquis; des secrétaires qui organisent les fusillades et coordonnent les déportations vers les camps de concentration et d’extermination; des surveillantes ou femmes d’officiers SS, mères de famille, bientôt épouses meurtrières.
Au cours d’entretiens, des historiennes analysent les mécanismes de la violence, son apprentissage dans un climat d’impunité total. Dans un jeu de surenchère avec les hommes aussi. Désir de reconnaissance. Besoin d’autorité. Aspiration à faire carrière… Après la guerre, les violences féminines sont diluées dans des verdicts qui se ressemblent. Le film, lui, remet en lumière ces 500 000 femmes au service du nazisme.
Un documentaire de Christiane Ratiney (2020). A voir sur Arte.tv jusqu’au 31 mars et sur YouTube.