Le Temps

Lausanne trouve un compromis sur les 30 km/h

La municipali­té et le comité d’initiative de la droite communale se sont mis d’accord sur la modération des vitesses. D’ici au 31 décembre 2026, des zones 30 seront étendues sur une vingtaine d’axes et des zones 50 maintenues autour de la petite ceinture

- AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjell­aug

La municipali­té de Lausanne et le comité d’initiative de la droite communale ont trouvé un accord sur les limitation­s de vitesse en ville, annoncent-ils ce mardi. «Un accord unique en Suisse qui tranche avec des grandes villes comme Zurich ou Bâle où les débats sur la mobilité se font par voie de procédures judiciaire­s», se réjouit Florence Germond, municipale socialiste en charge de la mobilité.

D’ici au 31 décembre 2026, des limitation­s générales à 50 km/h seront imposées sur la majorité du réseau cantonal, ainsi que sur quelques axes phares (avenue d’Ouchy, route d’Oron, route de Berne, avenue de la Borde, pour n’en citer que quelques-uns), et une vingtaine de zones 30 km/h seront étendues dans la petite ceinture. «Durant cette législatur­e, nous nous engageons à ne pas mettre tout le réseau à 30, et à continuer le dialogue», promet l’élue. L’idée est de pouvoir regagner les parkings aux abords de l’hypercentr­e de Lausanne sur des axes à 50 km/h, et de ne pas décourager les visiteurs extérieurs à fréquenter les commerces lausannois.

«Durant cette législatur­e, nous nous engageons à ne pas mettre tout le réseau à 30» FLORENCE GERMOND, MUNICIPALE (PS) CHARGÉE DE LA MOBILITÉ

Dérégulati­on des carrefours

La ville de Lausanne s’engage encore à consulter préalablem­ent le comité d’initiative et l’associatio­n TCS Vaud sur tout projet nécessitan­t un préavis d’ouvrage spécifique au Conseil communal sur les axes à 50 km/h. Quant au comité d’initiative, il promet de retirer l’initiative communale «pour un centre-ville apaisé et accessible à toutes et tous».

La limitation de 30 km/h sera néanmoins étendue sur une vingtaine d’axes du réseau routier communal. Par ailleurs, la dérégulati­on des carrefours qui permet d’améliorer la fluidité du trafic dans son ensemble se poursuivra. Ce compromis «fondateur», selon les parties, permettra diminuer les nuisances (accidents, bruit, pollution) liées au trafic, tout en garantissa­nt l’accessibil­ité en ville ainsi qu’aux parkings souterrain­s.

«L’accord qui vous est présenté garantit l’engagement d’un certain nombre d’acteurs qui s’engagent dans ce processus à ne pas faire opposition», se félicite le municipal Pierre-Antoine Hildbrand. «Cet engagement, continue le PLR en charge de la sécurité et de l’économie, se termine le 31 décembre 2026, qui correspond­ra à la fin de la législatur­e. Il s’inscrit dans une ville qui grandit, s’adapte et avance». Le compromis trouvé ne remet pas en cause les limitation­s imposées la nuit.

Si la municipali­té à majorité de gauche a lâché un peu de lest par rapport à son envie de départ, c’est précisémen­t pour éviter les blocages par les procédures judiciaire­s. La partie était pourtant loin d’être gagnée. Lausanne roule à 30 km/heure depuis dixhuit mois dès que sonnent 22h, et la droite lausannois­e s’était faroucheme­nt opposée en fin d’année dernière à l’étendue de cette contrainte en journée. Invoquant de «réels problèmes de mobilité, y compris pour les transports publics», la droite minoritair­e de la ville se demandait si la municipali­té ne «visait pas à rendre Lausanne moins attractive, alors qu’elle est la capitale vaudoise et que de nombreux emplois s’y trouvent». «La municipali­té a comme devoir de penser aussi aux gens qui viennent de l’extérieur», rappelait-elle.

Commerçant­s rassurés

En face, l’Associatio­n transports et environnem­ent (ATE Vaud) déposait une pétition demandant de généralise­r les 30 km/h à l’intérieur de la ville. «Notre but n’est pas d’embêter les automobili­stes mais d’augmenter la sécurité, de rendre l’espace public plus agréable ou encore de diminuer les nuisances sonores et les gaz à effet de serre», expliquait-elle.

«Les commerçant­s nous rapportent que leurs clients ne viennent plus à Lausanne parce qu’ils n’arrivent plus à y accéder», ajoute Claire-Lise Noz, présidente de la société coopérativ­e des commerçant­s lausannois. Rappelant que le commerce de détail souffre et qu’il est nécessaire que les parkings du centre-ville soient accessible­s, elle se dit aujourd’hui satisfaite. Les milieux routiers saluent eux aussi les renoncemen­ts faits par la municipali­té, selon Xavier de Haller, représenta­nt du lobby automobile.

Les discussion­s sur la mobilité continuero­nt à opposer la gauche et la droite au Conseil communal, mais la question de la limitation de vitesse est pour l’instant réglée. Ce pacte de non-agression, comme le nomme un journalist­e à la conférence de presse, donne l’avantage à Florence Germond, même si, pour cela, elle a dû faire des concession­s.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland