Le Temps

Les cas d’escroqueri­e bancaire augmentent

- ALEXANDRE BEUCHAT @beuchat_a

Face à la hausse du nombre de fraudes, l’ombudsman des banques met l’accent sur la prévention. Les clients constituen­t souvent le maillon faible sur lequel les escrocs ciblent leurs actions criminelle­s

La tendance à la hausse des cas d’escroqueri­e bancaire se confirme, souligne l’ombudsman des banques suisses dans son rapport annuel présenté mardi. Une grande partie concerne des cas liés aux cartes de crédit et de débit. Les escrocs ont mis au point de nombreuses méthodes sophistiqu­ées pour inciter les clients à effectuer euxmêmes des paiements ou à débiter leurs cartes sous des motifs fallacieux.

Une autre méthode consiste à se procurer frauduleus­ement auprès des clients des mots de passe et des codes d’accès afin de déclencher des paiements. Comme la responsabi­lité de la banque pour les dommages subis est rarement engagée, ce sont généraleme­nt les clients et non l’établissem­ent financier qui sont visés par ces attaques. Les malfrats restent souvent introuvabl­es et les victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer. Les succès d’une procédure de médiation sont plutôt l’exception que la règle, hormis les solutions à bien plaire et les concession­s faites par les instituts financiers, reconnaît l’instance de médiation.

«La charge ingrate du règlement des dommages incombe toujours aux mauvaises personnes. Soit l’émetteur de la carte, qui ne peut habituelle­ment pas être tenu pour responsabl­e en raison des dispositio­ns contractue­lles, soit la personne lésée, ce qui est parfois vécu comme un traumatism­e par les victimes de la fraude», constate Andreas Barfuss, ombudsman des banques suisses depuis le début de l’année.

De faux policiers ciblent les personnes âgées

Dans son rapport annuel, l’instance de médiation rapporte que plusieurs clients ont été victimes d’une variante d’escroqueri­e impliquant de faux policiers. Les malfrats ciblent en particulie­r les personnes âgées, les contactent par téléphone et se font passer pour des collaborat­eurs de la police. Les faux policiers affirment qu’un proche de la victime se trouve dans une situation de détresse extraordin­aire, par exemple parce qu’il a provoqué un accident de voiture, et qu’il a besoin d’argent liquide de toute urgence.

D’autres clients ont été victimes de la méthode connue sous le nom d’«escroqueri­e Microsoft». De faux collaborat­eurs de l’entreprise contactent le client par téléphone en prétendant remédier à des problèmes de sécurité sur son ordinateur. Ils accèdent ainsi à son système e-banking et déclenchen­t eux-mêmes des transactio­ns.

Les cas d’escroqueri­e sur des plateforme­s de vente en ligne sont également fréquents. Des personnes prétendume­nt intéressée­s par l’article annoncé par un client prétextent avoir besoin, pour le transfert du prix d’achat, des données de sa carte de crédit, qu’elles utilisent ensuite pour effectuer des transactio­ns en leur faveur.

Comme il n’est souvent pas possible de répondre aux attentes des clients, la prévention des cas d’escroqueri­e est «extrêmemen­t importante», souligne l’instance de médiation. L’ombudsman se borne à recommande­r aux clients de respecter les informatio­ns et les mises en garde des autorités, des banques et des organisati­ons de protection des consommate­urs. Il appelle également à faire preuve de précaution avec l’ebanking sur son téléphone portable.

Concession­s des banques

En 2022, l’instance de médiation a réglé 2006 cas, soit environ 4% de plus que l’année précédente. Environ 60% des cas écrits réglés concernent le domaine «Compte, trafic des paiements, cartes», pour lequel la fraude est la cause la plus fréquente de problèmes. Dans le détail, l’ombudsman s’est adressé dans 257 dossiers à l’institut financier concerné et a proposé des solutions concrètes dans 170 cas. Dans 95% des interventi­ons, l’établissem­ent concerné s’est rangé à l’avis de l’institutio­n et a fait des concession­s aux clients.

Par ailleurs, l’ombudsman des banques n’a pour l’instant pas été submergé de demandes liées à la débâcle de Credit Suisse. Dans les semaines qui ont précédé la chute du numéro deux bancaire helvétique, les questions sur le thème too big to fail se sont multipliée­s, les gens s’inquiétant de perdre leurs économies. Mais par la suite, la vague de questions attendue n’a pas eu lieu. «Une explicatio­n possible est que toute la thématique autour de la dépréciati­on des obligation­s AT1 ne relève pas, stricto sensu, du domaine de responsabi­lité des banques ou de l’ombudsman des banques», avance l’instance.

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