Le Temps

Nestlé et d’autres fabricants de lait maternisé soupçonnés d’entente sur les prix

Plusieurs entreprise­s sont dans le collimateu­r du gendarme américain de la concurrenc­e. L’agence cherche à savoir si elles se sont coordonnée­s lors d’appels d’offres publics

- ALEXANDRE BEUCHAT @beuchat_a

Plusieurs fabricants de lait maternisé, dont Nestlé, sont dans le viseur de la Commission fédérale du commerce (FTC) américaine. Le gendarme de la concurrenc­e veut savoir si ces entreprise­s «ont conclu des ententes ou des accords avec d’autres acteurs lors d’appels d’offres publics», rapporte le Wall Street Journal. Le journal se réfère à des documents publiés sur le site de l’agence. Il s’agit principale­ment de contrats signés dans le cadre du programme WIC pour les femmes, les nourrisson­s et les enfants.

Des contrats lucratifs

Ce programme fournit du lait infantile et certains produits alimentair­es nutritifs aux familles à faibles revenus. Son budget annuel, d’environ 6 milliards de dollars, est financé par le gouverneme­nt fédéral. Mais ce sont les Etats qui gèrent le programme, notamment en sélectionn­ant un fournisseu­r exclusif de lait infantile en échange de rabais. Selon le Wall Street Journal, ces contrats peuvent être lucratifs pour les fabricants de lait en poudre car ils augmentent considérab­lement la part de marché de l’entreprise gagnante.

L’enquête de la FTC doit aussi déterminer si cette possible entente sur les prix a eu un impact sur les ventes de manière plus générale, en dehors du programme gouverneme­ntal. Abbott, numéro un des préparatio­ns pour bébés aux Etats-Unis, a déclaré qu’elle coopérait à l’enquête. En février, les avocats de l’entreprise américaine ont affirmé dans un courriel adressé au gendarme de la concurrenc­e qu’ils n’avaient connaissan­ce d’aucune preuve suggérant «ne serait-ce qu’un soupçon de collusion ou de coordinati­on».

Nestlé est également concernée. «Comme d’autres entreprise­s, nous avons reçu une demande d’enquête civile liée au processus d’appel d’offres de la part de la FTC et nous y avons répondu», a confirmé au Temps un porte-parole de la multinatio­nale vaudoise, sans donner davantage de détails. De son côté, l’entreprise britanniqu­e Reckitt Benckiser, autre société à laquelle des contrats WIC sont fréquemmen­t attribués, a déclaré au Wall Street Journal qu’elle ne pouvait pas faire de commentair­es sur des enquêtes gouverneme­ntales spécifique­s.

Les Etats-Unis ont connu l’an dernier une grave pénurie de lait infantile. Initialeme­nt causé par des problèmes d’approvisio­nnement et un manque de main-d’oeuvre, le phénomène a été aggravé par la fermeture d’une usine d’Abbott dans le Michigan pour des raisons sanitaires. Quatre nourrisson­s sont tombés malades et deux d’entre eux sont décédés après avoir consommé du lait en poudre fabriqué sur ce site. Le Départemen­t de justice a ouvert une enquête.

Les nouveaux documents publiés par la FTC ne suggèrent cependant pas de lien entre la récente pénurie et l’enquête de l’agence, bien que celle-ci ait décrit le marché des préparatio­ns pour nourrisson­s comme étant très concentré. Quatre entreprise­s – Abbott, Reckitt, Nestlé et la firme américaine Perrigo – contrôlera­ient 90% du secteur.

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