Le Temps

«Nous avons la pression depuis le début de la saison»

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PITTET @lionel_pittet

FOOTBALL Le Lausanne-Sport a besoin d’un point contre Aarau pour être sûr de rejoindre Yverdon-Sport dans l’ascenseur vers la Super League. Avant cette «immense finale», l’entraîneur Ludovic Magnin évoque le statut particulie­r de son équipe, vue comme favorite

Tout le monde tenait le Lausanne-Sport pour le grand favori de la saison de Challenge League: l’envergure financière de son propriétai­re, le groupe britanniqu­e Ineos, devait lui permettre de ne pas s’éterniser en deuxième division suisse de football après la relégation du printemps 2022. Avant la dernière journée du championna­t demeure toutefois une once d’incertitud­e.

Deuxième, le LS pourrait être promu même en cas de défaite contre Aarau samedi à 18h. Il faudrait pour cela que, dans le même temps, Stade Lausanne Ouchy échoue à battre Bellinzone ou à combler la différence de buts qui le sépare de son rival local (+15 contre +11). Mais Ludovic Magnin et ses hommes ne spéculent pas sur un tel cas de figure. Ils entreront sur la pelouse du Brügglifel­d pour obtenir, au moins, le point qui leur manque pour assurer leur ascension directe sans avoir à passer par un barrage contre le dernier du classement de Super League, promet

«Le Lausanne-Sport aurait dû survoler la Challenge League? On traite cette division comme si elle n’avait pas de qualités!»

l’entraîneur à la veille de ce qu’il tient pour une «immense finale».

Au fond, ne serait-il pas plus facile de préparer cette rencontre s’il fallait vraiment gagner? Si c’était à quitte ou double? Non, je suis content d’avoir trois points de marge, c’est une sécurité supplément­aire. Pour autant, nous allons à Aarau pour gagner, sans nous concentrer sur les autres résultats.

Vous n’aurez pas connaissan­ce de l’évolution du score entre Stade Lausanne Ouchy et Bellinzone? Si, si, mais ce n’est pas dans mon habitude. Mardi, lorsque nous avons battu Wil, j’ai rallumé le téléphone à la fin du match et découvert les autres résultats. Mais cette fois, c’est quand même différent. Ce qu’il se passe à la Pontaise peut avoir une influence sur mon coaching. Nous aurons donc quelqu’un sur place: les indication­s dont j’aurai besoin vont au-delà du simple score, il faut sentir la dynamique. Se priver de ces informatio­ns ne serait pas profession­nel.

Yverdon-Sport s’est retrouvé à trois matchs de la fin de la saison avec un seul point à prendre pour être promu. On a vu que ce n’était pas le plus simple à aller chercher… Les deux situations sont incomparab­les. Yverdon est l’équipe surprise de la saison, elle n’a jamais eu de pression avant le moment de conclure – là, les gars se sont tout pris d’un coup, et ça n’a pas dû être évident. Nous, on nous attend depuis le premier match du championna­t. On n’affronte que des adversaire­s qui se donnent deux fois plus que contre les autres équipes, parce que nous sommes le LS, les favoris. Maintenant, bien sûr, la pression augmente encore, mais mes joueurs ont eu toute la saison pour apprendre petit à petit à gérer le facteur stress.

Les gens sont surpris que le LS ne soit pas encore promu à ce stade de la saison… On parle de quels gens? Des gens qui ont pratiqué le football à un niveau profession­nel? Parce que moi, quand je regarde mon équipe, je vois une équipe de Challenge League, mais pas de Messi ni de Ronaldo. Cette année, le Real Madrid n’est pas champion d’Espagne, le PSG n’a pas gagné la Ligue des champions, le Bayern Munich est deuxième de Bundesliga avant la dernière journée, mais le Lausanne-Sport aurait dû survoler la Challenge League? On traite cette division comme si elle n’avait pas de qualités! Pour moi, l’analyse est biaisée depuis le départ. Ça m’a agacé toute la saison. Nous avons monté une bonne équipe de Challenge League et, là, nous avons un match décisif à disputer pour atteindre notre objectif, ce qui signifie quand même que nous n’avons pas fait tout faux.

Avez-vous préparé un discours spécial pour vos joueurs? Bien sûr. Cela fait plusieurs matchs que nous faisons des choses inhabituel­les pour coller à l’enjeu. D’ailleurs, cela montre la qualité de ce groupe, le fait que nous sommes soudés: ce qui se passe dans le vestiaire ne sort pas. Donc je ne vous dirai pas ce que j’ai préparé. Je garde l’effet de surprise pour mes joueurs.

Avez-vous déjà réfléchi au scénario où Stade Lausanne Ouchy s’empare de la deuxième place et vous envoie en barrage? Non, ça ne fait pas partie de ma planificat­ion. Mais je marche au feeling. Si on doit en passer par là, ça ira. On improviser­a.

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