Mentir pour protéger ses intérêts
Il est devenu courant d’oser affirmer n’importe quoi pour protéger ses propres intérêts. De fake news en contestation d’élections présidentielles, il fallait bien que la protection du climat subisse le même sort. Le récent tout-ménage du «Comité pour le sauvetage de la place industrielle suisse» résonne à ce titre comme la panique d’une minorité attachée à ses privilèges ou ses habitudes, et qui fait tout ce qu’elle peut pour conserver ses véhicules polluants et ses produits pétroliers. Comment expliquer autrement le nombre de contre-vérités qui vont jusqu’à présenter les changements climatiques comme l’invention de milliardaires américains et de scientifiques corrompus?
Paradoxalement, j’aimerais beaucoup que ces affirmations soient vraies et que les changements climatiques n’existent pas! Pourquoi? Parce qu’ils sont un fardeau dont tout le monde se passerait bien, tout comme la pollution de l’air due aux énergies fossiles qui tue 8 millions de personnes par an ou la destruction de la biodiversité. Ce serait beaucoup plus simple de pouvoir continuer à fonctionner comme nous l’avons toujours fait. Malheureusement ce n’est pas possible si nous voulons garder une bonne qualité de vie.
Alors que faire? Se replier égoïstement dans le déni le plus complet, continuer à polluer sans scrupule et blâmer la science, ou chercher à concilier le maximum possible d’intérêts économiques et écologiques dans une politique énergétique et climatique fédératrice? C’est ce que s’efforce de faire la nouvelle loi sur le climat et l’innovation, que je préférerais d’ailleurs appeler loi de modernisation et d’efficience, tant elle va permettre de fournir à notre pays une énergie locale et bon marché, ainsi que des infrastructures qui, en diminuant le gaspillage, diminueront en conséquence les factures des citoyens. Même s’il n’y avait pas de changements climatiques, cette loi serait logique autant qu’écologique.
Alors qui croire? Pour vous faire votre propre avis, regardez quels sont les avantages personnels recherchés par ceux qui diffusent une information. Michel Rocard avait tout compris: «Toujours privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante, le complot demande un esprit rare.»
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