Le Temps

Les soldats suisses loin des heurts

Avec le regain de tension actuel, la mission de maintien de la paix de l'OTAN au Kosovo revient sous le feu des projecteur­s. Engagée dans cette force internatio­nale, la Suisse observe mais ne combat pas

- BORIS BUSSLINGER @BorisBussl­inger

Chargée de surveiller les secteurs nord de Mitrovica, ville coupée en deux sur une ligne ethnique par la rivière Ibar, et de Zubin Potok, zone frontalièr­e peuplée de 14 000 Kosovars serbes et de 2000 Kosovars albanais, la Suisse est aux premières loges pour assister au regain de tension au nord du Kosovo. Il y a cependant peu de risques que les militaires de la Swisscoy ne mettent leur vie en danger, les engagement­s armés ne faisant pas partie de leurs prérogativ­es.

«La Swisscoy exécute des missions au profit de la KFOR afin de garantir un environnem­ent sûr et la liberté de mouvement au Kosovo, explique Stefanie Waltenspül, porte-parole du centre de compétence­s suisse dans le domaine du maintien de la paix (Swissint). L’Armée suisse n’effectue toutefois pas de prestation­s d’infanterie. Celles-ci sont assurées par d’autres nations.» En quelques mots, voilà résumé l’engagement de Berne au sein du pays des Balkans depuis la création de la KFOR en 1999 – la plus longue mission encore en cours de l’OTAN.

«Partenaire externe» depuis les premiers jours, la Suisse remplit des tâches clairement circonscri­tes: six équipes patrouille­nt au contact des officiels et des habitants pour surveiller le terrain et y sonder les tensions (les LMT, «liaison and monitoring teams»), quelques officiers d’état-major participen­t au commandeme­nt régional des opérations, une équipe médicale fournit des soins dans le camp de l’OTAN à Pristina et une partie des 195 collaborat­eurs présents sur place (contingent maximum) oeuvrent dans le déminage, le génie civil et au sein de la police militaire. La Suisse met aussi à dispositio­n deux hélicoptèr­es de transport. Ni plus ni moins.

«Les soldats de la KFOR blessés lundi faisaient partie d’une unité chargée de disperser les foules, précise Stefanie Waltenspül. La Suisse n’assume pas de tâches qui relèvent de ce domaine.» La force internatio­nale peut cependant compter sur Berne, dont l’unité devrait bientôt voir son mandat prolongé jusqu’en 2026. Le Conseil fédéral a en effet déjà approuvé le message visant à étendre de trois ans la mission suisse au Kosovo, actuelleme­nt prévue jusqu’en décembre 2023 – pour un budget de 41 millions de francs par an. Après un premier vote positif du Conseil des Etats, la propositio­n passera devant le Conseil national le 15 juin.

«Leur sécurité est une priorité absolue»

Malgré une opposition antimilita­riste des Vert·e·s soutenue par une partie de l’UDC, qui considère qu’il est temps de «responsabi­liser l’Etat» en rappelant les troupes au pays, l’engagement auprès de la KFOR a jusqu’ici toujours obtenu une majorité sous la Coupole. Notamment, au vu du grand nombre de Kosovars qu’abrite le pays, par crainte des répercussi­ons qu’une résurgence du conflit pourrait engendrer en Suisse. Face à l’emballemen­t actuel, Swissint se veut rassurante: «La situation peut être considérée comme calme et stable dans la plupart des régions du Kosovo. La sécurité des militaires est en tout temps une priorité absolue. Pour le moment, rien n’indique qu’elle ne soit pas garantie.» ■

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