Novak Djokovic, ce «champion du peuple serbe»
Via ses déclarations sur le Kosovo en marge de Roland-Garros, le joueur de tennis serbe attise la controverse, jouant un rôle qu’il semble affectionner, selon les médias
«Djokovic ne peut pas s'en empêcher.» A l'image de ce commentaire publié par le Tages Anzeiger, plusieurs journaux reviennent sur la controverse impliquant le tennisman serbe de 36 ans. Lundi, après sa victoire au premier tour à Roland-Garros, Novak Djokovic, au moment de la signature apposée par le vainqueur sur la lentille d'une caméra, avait écrit: «Le Kosovo est le coeur de la Serbie. Stop à la violence». Et ce, alors même que la frontière entre les deux pays est le théâtre depuis plusieurs jours d'affrontements entre la KFOR et des manifestants serbes.
Il s'était expliqué après le match en évoquant le fait que son père était né au Kosovo. «Je ressens le besoin d'apporter mon soutien à notre peuple et à l'ensemble de la Serbie», avait-il dit, cité par la chaîne CNN.
«C’est ce que je pense»
Quoi qu'il en soit, Novak Djokovic est encore une fois «au centre de l'attention». Et ce, «non pas parce qu'il a gagné ou perdu de manière particulièrement spectaculaire», estime la Neue Zürcher Zeitung (NZZ). Le journal convient que sur «le principe», le message du joueur, qui a connu la guerre lorsqu'il était jeune, «est tout à fait louable», en demandant «aux parties en conflit de mettre fin à la spirale de la violence». Par contre, poursuit le quotidien zurichois, l'endroit d'où il s'exprime et la formulation choisie sont problématiques. Il avait tout à fait conscience qu'il allait susciter la controverse en plaçant le Kosovo «au coeur de la Serbie», alors qu'il s'agit d'«un Etat majoritairement albanophone, dont l'indépendance a été reconnue depuis 2008 par plus de 100 Etats du monde – mais pas par la Serbie», ajoute la NZZ. De fait, ces propos lui ont valu de nombreuses critiques. «Beaucoup de gens ne sont pas d'accord, mais moi, c'est ce que je pense», a-t-il dit mercredi, rapporte l'AFP.
En montrant son opposition à un Kosovo indépendant, Novak Djokovic, décrit par Le Monde comme le «trésor national» de la Serbie, vient encore solidifier son aura en son pays. Il conforte par ailleurs une posture d'outsider qu'il affectionne depuis des années «malgré tous ses succès», note le Tages Anzeiger.
Car le joueur a réussi à venir s'imposer dans un monde du tennis alors dominé par la rivalité Federer-Nadal, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. «Le Serbe, qui pourrait être le seul détenteur du record du Grand Chelem à l'issue du tournoi, mais qui a dû continuellement lutter contre son existence dans l'ombre de ses collègues de longue date et vénérés […], préfère manifestement affirmer son statut de héros et de champion du peuple serbe.» ▅