Le «gigantesque potentiel» de Simona Waltert
Dernière représentante suisse en lice, la Grisonne a été éliminée au deuxième tour de Roland-Garros par l’Italienne Elisabetta Cocciaretto (6-2 6-3). Le score est plus sévère que le regard de son coach, le Vaudois Stéphane Bohli
Elément d’un rectangle de quatre courts annexes situés entre le Central et le court Suzanne-Lenglen, serti de restaurants et d’une large avenue piétonne, le court n°9 est au coeur de la fourmilière Roland-Garros. Des balcons du Central et des très chics immeubles voisins du boulevard d’Auteuil, l’on porte de haut un regard intrigué sur cette agitation. Côté Lenglen, que le toit posé sur des tribunes en demi-lune fait ressembler à ces vieilles photos de la tour Eiffel en construction, une horloge indique 14h30.
Nous sommes le jeudi, début d’après-midi, cinquième jour du tournoi, et il n’y a déjà plus de Suisse dans les tableaux de simple. La dernière en lice, la Grisonne Simona Waltert (22 ans, 128e joueuse mondiale), vient d’être éliminée en deux sets, 6-2 6-3, par l’Italienne Elisabetta Cocciaretto. Il faut sinon s’y habituer, du moins s’en contenter. Concernant Simona Waltert, le résultat est encourageant. Pour la première fois, cette jeune femme longiligne et timide a passé les qualifications, puis un tour, en Grand Chelem. Elle a donc gagné quatre matchs avant de perdre contre Cocciaretto. L’Italienne, 44e mondiale, a le même âge mais pas du tout le même jeu ni la même maturité. Très régulière en fond de court et d’un opportunisme sans faille (six balles de break, six breaks), elle a laissé la Suissesse faire l’essentiel des points.
Affirmer sa personnalité
Avec 32 fautes directes et de nombreuses occasions gâchées, Simona Waltert s’est battue toute seule. «Lors du premier set, il y a six jeux sur huit où elle mène 40-0, 0-40 ou 15-40. Ça peut faire 6-0 pour elle et elle prend 6-2», regrettait son entraîneur, le Vaudois Stéphane Bohli, après le match. Il le disait sans s’énerver, avec une pointe de sourire. «Simona possède un potentiel gigantesque, illimité, mais elle doit passer des caps, cesser de jouer avec le frein à main, faire moins de cadeaux à ses adversaires, parvenir à garder sa concentration sur la durée d’une rencontre. Elle doit aussi davantage affirmer sa personnalité sur le court, s’y faire entendre.»
Ancien grand espoir du tennis suisse (vainqueur de l’Orange Bowl à 14 ans), devenu ensuite un bon joueur professionnel (113e mondial en 2010), Stéphane Bohli sait que des talents peuvent se perdre, que chacun doit trouver son chemin. Simona Waltert pourrait entrer pour la première fois dans le top 100 après Roland-Garros. «Depuis quatre ans et demi que je travaille avec Simona, nous n’avons jamais parlé de classement. Elle doit avancer à son rythme, c’est elle qui joue, pas moi. Sur ce tournoi, je n’ai pas de regrets parce qu’il y a plein de choses positives. Elle a vu ce que c’était, et qu’elle y était à sa place.»
Simona Waltert, qui vivait en économisant chaque franc, va pouvoir mieux financer sa saison avec le chèque de 97 000 euros (avant impôts) reçu pour son parcours. Elle va d’abord se reposer – «il faut laisser retomber les émotions» – avant de se remettre au travail en vue de la saison sur gazon, qui convient naturellement à son tennis offensif.
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