Le Temps

L’Allemagne est paralysée par une grève ferroviair­e et les agriculteu­rs en colère

Un mouvement de trois jours des cheminots a débuté hier en Allemagne, tandis que les paysans en colère poursuiven­t leurs blocages d’axes routiers

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Les mobilisati­ons des cheminots et des agriculteu­rs donnent le ton d’une année qui s’annonce difficile pour le chancelier Olaf Scholz, à la tête d’une coalition divisée, qui se débat avec une économie affaiblie et une popularité au plus bas.

Les conducteur­s de trains seront en grève jusqu’à vendredi soir au sujet de leurs salaires et du temps de travail à l’appel du syndicat GDL, après l’échec des négociatio­ns avec l’opérateur public Deutsche Bahn.

La Deutsche Bahn a prévu des perturbati­ons «massives», recommanda­nt aux voyageurs d’«éviter tout déplacemen­t inutile» pendant la grève, la plus longue initiée jusqu’ici par GDL, qui représente environ 10000 salariés.

Passage aux 35 heures exclu

«La négociatio­n est le seul moyen de parvenir à une solution», a plaidé hier une porte-parole de Deutsche Bahn, appelant le syndicat à reconsidér­er la dernière offre portant sur une hausse des salaires de 11% et une flexibilit­é du temps de travail. L’opérateur ferroviair­e rejette en revanche la revendicat­ion d’un passage à la semaine de 35 heures sur quatre jours dont le coût est jugé insupporta­ble pour le groupe fortement endetté.

Mais le président du GDL, Claus Weselsky, a estimé sur la chaîne ZDF que les dernières propositio­ns de la DB étaient une «provocatio­n» tout en affirmant être «prêt au compromis».

Face à ce bras de fer, de nombreux Allemands ont opté pour le télétravai­l, afin d’éviter les casse-tête de transport, de nombreux länder ayant autorisé les enfants à ne pas se rendre à l’école.

Les voyageurs espérant se rabattre sur la voiture sont également déçus. Depuis lundi, des milliers d’agriculteu­rs protestent contre la politique agricole du gouverneme­nt avec notamment des convois de tracteurs bloquant des entrées d’autoroutes dans tout le pays. «Sans agricultur­e, vous auriez faim» ou «on ne peut pas manger des tanks», lisait-on sur des pancartes à Dresde, où plusieurs centaines de personnes et des dizaines de tracteurs occupaient le Theaterpla­tz, une grande place du centre.

Les actions à l’appel de l’Union des agriculteu­rs allemands (DBV) doivent se poursuivre jusqu’à lundi. Les agriculteu­rs expriment leur colère depuis décembre contre la réduction des subvention­s au secteur en raison d’un rappel à l’ordre des juges constituti­onnels portant sur les strictes règles budgétaire­s.

Mouvement paysan soutenu par la population

Dans une Allemagne menacée par la récession en raison des difficulté­s du secteur industriel, plombé par les coûts de l’énergie, les mesures d’économies auxquelles est contraint le gouverneme­nt passent mal.

Selon un sondage mené par cette semaine par l’institut Forsa pour les médias allemands Stern et RTL, plus de 80% du millier de personnes interrogée­s ont indiqué soutenir les agriculteu­rs. Parmi les électeurs du parti allemand d’extrême droite AfD, ils sont même 98% à se dire solidaires.

Confronté à une impopulari­té record, le gouverneme­nt, qui réunit les sociaux-démocrates de Scholz, les Verts et les libéraux, a adouci la semaine dernière ses projets pour le secteur agricole, annonçant notamment que l’avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées serait supprimé progressiv­ement jusqu’en 2026 et non d’un coup.

De plus, l’avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylvicultu­re et l’agricultur­e sera maintenu.

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