Le Temps

«La politique culturelle est importante pour l’identité lausannois­e»

Avec un budget trois fois inférieur à celui de la ville de Genève, la capitale vaudoise ouvre à tour de bras de nouvelles adresses. Grégoire Junod, le syndic socialiste de la ville chargé de la Culture, en résume ses tenants et aboutissan­ts

- PROPOS RECUEILLIS PAR AÏNA SKJELLAUG

L’ouverture jeudi 11 janvier d’un ambitieux projet dévolu au jazz, les Jumeaux, dans le Flon, rappelle le foisonneme­nt culturel que connaît la capitale vaudoise ces dernières années. L’inaugurati­on d’un pôle muséal dans le quartier de la gare – auquel Lausanne a participé à hauteur de 58 millions de francs –, la transforma­tion du Théâtre de Vidy, ce club de jazz désormais, la naissance de la Maison du cinéma au Capitole le mois prochain, pour n’en citer que quelques-uns, illustrent cette dynamique.

Grégoire Junod, ces projets ne sont pas tous portés par la ville uniquement, mais naissent sous votre législatur­e. Faire de Lausanne un pôle culturel est-ce votre volonté politique? Vous en oubliez: nous avons inauguré Pyxis, la maison de la culture et de la création numérique, en fin d’année dernière. Le Salopard et le Romandie ouvriront deux nouvelles salles de musique actuelles en septembre. Lausanne se revendique comme une ville de culture au niveau suisse et internatio­nal, mais ce n’est pas nouveau. Dès la fin des années 1980, sous l’impulsion d’Yvette Jaggi, on a voulu faire de Lausanne une ville culturelle. Depuis que j’ai repris le Départemen­t en 2016, je m’inscris dans cet héritage-là.

Lausanne connaît peu d’opposition­s, par rapport à d’autres villes qui n’arrivent pas à faire aboutir leurs projets. Comment expliquer ce feu vert? Il y a une forte volonté politique de la municipali­té et un consensus large au sein du Conseil communal. Hormis à l’UDC, la politique culturelle bénéficie d’un soutien important aussi bien dans les rangs de la majorité que dans ceux du centre et de la droite. Il y a une compréhens­ion partagée que la politique culturelle est importante pour l’identité lausannois­e. Ses répercussi­ons positives en termes de rayonnemen­t touristiqu­e et économique sont également reconnues. Après il y a des projets de nature différente. Dans le cas du Capitole ou de Vidy, nous consentons de gros investisse­ments dans des objets patrimonia­ux pour de grandes institutio­ns qui structuren­t la vie culturelle de la ville depuis longtemps. Dans le cas des clubs de musique ou de Pyxis, c’est différent. Nous cherchons ici à élargir le champ de la culture institutio­nnelle, en particulie­r en direction des jeunes.

«L’économie créative représente près de 10% des emplois citadins, avec des impacts importants en termes de rayonnemen­t et de tourisme»

Le budget culturel de la ville de Lausanne est pourtant trois fois inférieur à celui de la ville de Genève. C’est vrai et c’est paradoxale­ment aussi une des forces de la culture lausannois­e qui s’appuie sur des structures relativeme­nt légères. Ça contribue peut-être aussi à faciliter un consensus politique. Nous mettons également l’accent sur les conditions et lieux de travail des artistes. Avec les Jumeaux, nous ouvrons aussi une trentaine de studios de musique, créons 350 mètres carrés de surface à dispositio­n des labels musicaux et de l’industrie musicale. Avec le canton, nous allons mettre à dispositio­n deux nouvelles salles de répétition et de recherche pour les compagnies théâtrales. Enfin le bâtiment de Pyxis permettra de réunir dans un même lieu six festivals lausannois et le bureau culturel Vaud.

Au-delà du rayonnemen­t, à quoi cela sert-il d’être une ville de culture? Les Lausannois­es et Lausannois sont friands de culture. Nous avons une demande forte du public, c’est indéniable. Mais c’est aussi un soutien à une branche économique importante. L’économie créative représente près de 10% des emplois citadins, avec des impacts importants en termes de rayonnemen­t et de tourisme.

Vous ne parlez plus de la Maison du livre, promise aux Lausannois en 2012? Ce n’est pas un projet enterré, mais il est encore un petit peu tôt pour en reparler. Nous travaillon­s sur différente­s variantes. Il y aura du nouveau également du côté de l’agrandisse­ment de la Collection d’art brut, ce sera pour la prochaine législatur­e.

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