Le Temps

Le numéro 2 chinois reçu avec les honneurs à Berne

La visite officielle, lundi en Suisse, du premier ministre chinois, Li Qiang, marque un retour des discussion­s de haut niveau entre les deux pays

- FRÉDÉRIC KOLLER X @fredericko­ller

Voilà bientôt 4 ans que les échanges de haut niveau entre la Suisse et la Chine étaient interrompu­s. La crise du covid est passée par là, mais pas seulement. D’autres facteurs d’ordre politique expliquent la lente dilution des relations entre deux pays qui ont longtemps affiché leur cordiale entente. L’annonce de la visite officielle du premier ministre chinois, Li Qiang, à Berne, lundi prochain, signale toutefois une reprise des échanges. «Ce passage à Berne est très significat­if, se félicite le conseiller national Laurent Wehrli, président du groupe parlementa­ire Suisse-Chine. Cela veut dire que la Suisse reste importante aux yeux de la Chine malgré les critiques que nous pouvons émettre.»

Alors que la plupart des pays européens ont renoué leurs échanges gouverneme­ntaux avec la Chine en 2023, la Suisse s’est distinguée par l’absence de déplacemen­t de conseiller­s fédéraux vers un marché pourtant toujours considéré comme prioritair­e. Un manque d’empresseme­nt qui traduisait un certain malaise face à la politique chinoise à Hongkong, au Xinjiang ou envers Taïwan. La réception du premier ministre chinois au domaine du Lohn, avec les honneurs militaires, par la présidente de la Confédérat­ion Viola Amherd et le ministre de l’Economie Guy Parmelin est une «bonne occasion de relancer le dialogue», note encore le député libéral-radical vaudois.

Nouvelle équipe dirigeante

Le menu des discussion­s n’a pas été communiqué, mais ce sera l’occasion de faire le point sur l’accord de libre-échange qui a fêté ses 10 ans. Côté suisse, il est question de l’actualiser ou de le réformer en tenant compte de nouvelles considérat­ions liées aux droits de l’homme ou au respect de l’environnem­ent. «Cette relance des contacts au plus haut niveau est importante, explique Gérald Béroud de SinOptic, société qui anime le site éponyme sur les relations sino-suisses. Cela permet notamment un premier échange avec la nouvelle équipe gouverneme­ntale chinoise.» Li Qiang, un proche du président Xi Jinping, a été nommé à son poste l’an dernier dans la foulée du dernier congrès du Parti communiste chinois, qui a vu le secrétaire général consolider son pouvoir avec un troisième mandat quinquenna­l.

Sujets d’irritation

La délégation officielle chinoise qui se rend en Suisse pour participer au Forum économique mondial de Davos est composée d’une centaine de personnes, à laquelle s’ajoute une délégation économique tout aussi imposante. Le ministre du Commerce, Wang Wentao, est annoncé. La dernière visite officielle d’un premier ministre chinois remonte à 2013, indique-t-on à l’ambassade de Chine à Berne. Il s’agissait de Li Keqiang (récemment décédé), venu signer l’accord de libre-échange. Ce même premier ministre était revenu en Suisse en 2015, pour une visite de travail cette fois-ci. Le président Xi Jinping s’était rendu à Berne, pour une visite d’Etat, puis à Davos et Genève en 2017. L’exvice-premier ministre Liu He était l’hôte de Davos l’an dernier, après une escale à Zurich, mais sans passer par Berne.

Les critiques envers la Chine au sein du Parlement fédéral se sont multipliée­s ces dernières années, à travers des questions et des motions qui ont régulièrem­ent irrité Pékin. Le départ d’Ueli Maurer, un conseiller fédéral qui affichait ses sympathies pour le pouvoir chinois, a aussi participé à affaiblir la relation bilatérale. Les relations économique­s restent d’un bon niveau, même si la balance commercial­e n’est plus à l’avantage de la Suisse. La Chine a pour sa part déploré la reprise par Berne des sanctions européenne­s à l’encontre de la Russie. Ses autorités s’interrogen­t sur l’évolution de la neutralité et l’attitude future de la Suisse envers la République populaire en cas de tensions avec les Etats-Unis ou l’Europe. La reprise du dialogue devrait se consolider avec la visite prochaine d’Ignazio Cassis à Pékin et un déplacemen­t du Guy Parmelin en Chine cet été.

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LI QIANG PREMIER MINISTRE CHINOIS

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