Le Temps

Il n’y a pas d’âge pour la méchanceté

Sorti en salle cette semaine, le remake de «Mean Girls», ce classique de 2004 avec Lindsay Lohan, adapte la recette à la sauce musicale. Le classique d’une génération qui n’a étonnammen­t pas vieilli

- VIRGINIE NUSSBAUM @Virginie_nb Mean Girls. Lolita malgré moi (2024), un film de Samantha Jayne et Arturo Perez Jr. 1h52.

XC’est l’histoire d’une ado qui a quitté une jungle pour une autre. Parce que ses parents sont chercheurs en zoologie, Cady a grandi dans la brousse kényane mais voilà qu’à 16 ans, elle se retrouve catapultée dans un lycée américain. Avec ses meutes d’élèves, sa cafétéria… et ses cliques. La plus redoutable espèce est un trio – on les surnomme les Plastiques. Avec ses deux sous-fifres, Gretchen et Karen, la blonde Regina tient toute l’école au bout de ses griffes manucurées. Lorsque Cady est invitée à rejoindre leur bande, elle pense d’abord jouer l’infiltrée et rapporter leurs secrets à ses nouveaux amis, Janis et Damian. Mais elle finit par prendre goût à ce statut de vipère royale…

L’innocente outsider devenue prédatrice, c’est la base de Mean Girls – ou Lolita malgré moi, parmi les titres francisés les plus ratés de l’histoire. Sorti en 2004, le film du réalisateu­r Mark Waters (qui vient alors de signer Freaky Friday) récolte, surprise, 129 millions au box-office. Il sort indéniable­ment du lot. Par son casting, réunissant trois jeunes actrices en vue: Lindsay Lohan, Rachel McAdams et Amanda Seyfried. Aussi parce qu’il dissèque avec malice les turpitudes de l’adolescenc­e, entre épuisante course à la popularité et mal être existentie­l. Jouant les clichés mais sans en rajouter, Mean Girls trouve l’équilibre entre comédie sentimenta­le et sociale, légèreté et comique – Tina Fey, pilier de l’émission satirique Saturday Night Live, signe un scénario aux gags qui claquent.

Incontourn­able des soirées pyjamas, Mean Girls rejoint bientôt le panthéon des films cultes pour la génération des nineties (avec La Revanche d’une blonde ou Joue-la comme Beckham), les filles en particulie­r. A qui, à l’époque des magazines féminins et de la diet culture, la morale de Mean Girls n’a pas fait de mal: rabaisser n’a jamais élevé personne, on n’est toujours plus épanoui en étant soi-même. En avance pour son temps, abordant la solidarité féminine comme l’homosexual­ité, le film marque la pop culture de son empreinte fuschia, et devient source de mèmes, de gifs…. et devient comédie musicale sous l’impulsion de Tina Fey en 2018.

Tous les coups sont permis

Surprise, les «méchantes filles» n’ont pas dit leur dernier mot, tout comme Tina Fey qui revient à l’écriture et à la production d’un remake sorti cette semaine: Mean Girls, film-devenu-comédie-musicale-devenue-film (destin partagé avec Hairspray). Revoilà donc Cady l’ingénue, sous les traits cette fois d’Angourie Rice, à qui on affecte une mère célibatair­e pour faire 2024. Pour le reste, le scénario reste très proche de l’original, parfois à la réplique près. Tina Fey retrouve même son rôle de prof de math, matière à laquelle Cady excelle. En cours, elle rencontre Aaron, jeune homme charmant mais, parce qu’il est l’ex de Regina, totalement «inséduisib­le» – «règle fondamenta­le du féminisme!» rappelle-t-on à Cady. Mais un sale coup de Regina la pousse à ouvrir les hostilités – tous les coups seront permis. Une mise à jour moins ambitieuse que prévu, puisque le ravalement passe avant tout par l’introducti­on des réseaux sociaux qui, comme on le sait, ont rendu les couloirs du lycée doublement minés… et par le style vestimenta­ire (Regina en chino!) Mais pour ceux qui avaient raté la phase Broadway, le plus grand changement réside là et il est étonnammen­t organique – après tout, les divas sont faites pour chanter. Des numéros aux airs de clips léchés qui pulsent une énergie remarquabl­e au scénario.

A nouveau, le remake réunit un excellent casting – mention spéciale pour Renée Rapp en Regina bestiale et Auli i Cravalho, la voix anglaise de Vaiana, en Janice. Les Plastiques n’ont finalement pas si mal vieilli, peut-être parce qu’en 2024, l’école reste un champ de bataille. Et parce que tout le monde peut, talons roses ou non, se surprendre à jouer les «mean girls».

 ?? (2023/JOJO WHILDEN/PARAMOUNT PICTURES) ?? De gauche à droite, les acteurs Jaquel Spivey, Angourie Rice et Auli’i Cravalho forment un trio dans le nouveau «Lolita malgré moi».
(2023/JOJO WHILDEN/PARAMOUNT PICTURES) De gauche à droite, les acteurs Jaquel Spivey, Angourie Rice et Auli’i Cravalho forment un trio dans le nouveau «Lolita malgré moi».

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