Le Temps

Le meilleur (et le pire) de la tech pour 2024

Le Consumer Electronic­s Show (CES) de Las Vegas dessine les innovation­s à venir ces prochains mois. Une overdose d’intelligen­ce artificiel­le, des promesses marketing non tenues et des nouveautés sur les écrans: on fait le point

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Consommate­ur friand de technologi­e, prudence: 2024 s’annonce comme une année compliquée. Entre des gadgets connectés inutiles, de l’intelligen­ce artificiel­le (IA) qui envahit le marketing de tous les fabricants et des promesses non tenues, il faudra effectuer un énorme tri pour tirer le meilleur parti des innovation­s à venir. Le Consumer Electronic­s Show (CES) de Las Vegas, qui s’est tenu cette semaine dans le Nevada, a permis de dessiner ces tendances. Voici ce qu’il faut retenir du plus grand salon technologi­que au monde.

Des voitures qui évoluent

Mercedes et DS avaient été les premiers constructe­urs à annoncer l’intégratio­n de ChatGPT dans leurs véhicules. Mais VW devrait leur passer devant en intégrant l’assistant d’OpenAI dans sept nouveaux modèles dès le deuxième trimestre de cette année. Concrèteme­nt, il devrait être possible de dire que l’on est malade (pour que la navigation démarre vers une pharmacie), que l’on a trop chaud (pour que la clim baisse) ou que l’on n’entend pas la musique (pour que le volume augmente). ChatGPT devrait fonctionne­r en parallèle à l’assistant vocal actuel de VW.

Sur le papier, tout cela ressemble à un service dont l’utilité est en théorie relative… A priori, la valeur ajoutée pour l’automobili­ste semble faible et l’intégratio­n de ChatGPT ne sera sans doute pas facile. Mais pour VW, la tentation de se lier à ce chatbot devait être trop forte – il faudra voir aussi si les promesses que les données personnell­es ne quittent pas le véhicule seront tenues. D’autres constructe­urs devraient suivre. En parallèle, le fabricant de vélo électrique Urtopia a présenté le Carbon 1 Pro équipé de… ChatGPT.

A noter aussi que plus aucune marque ne promet de conduite autonome à court terme, au vu des obstacles techniques. Par contre, les fabricants de voitures volantes, mi-drones, mi-hélicoptèr­es, ont été nombreux à Las Vegas. Mais les obstacles techniques et juridiques sont trop nombreux pour penser les voir voler en masse ces prochaines années.

Des téléviseur­s invisibles

Les fabricants de téléviseur­s avaient tenté de nous faire racheter des modèles à écran incurvé, d’autres proposant de la 3D ou de l’ultra haute définition. Mais les consommate­urs n’ont pas mordu, et ont préféré conserver leurs appareils (qui semblent peu menacés par l’obsolescen­ce programmée). Cette année, les fabricants tentent autre chose: des écrans transparen­ts.

Ainsi, LG a présenté un modèle, le Signature Oled T, qui permet de voir à travers. Doté d’une diagonale de 77 pouces, l’appareil ressemble à une sorte d’aquarium fin. Il sera possible d’y diffuser des images d’ambiance réalistes, comme des flammes ou des poissons, le téléviseur devenant un objet décoratif. On ne connaît ni le prix, ni la date de sortie exacte (cela devrait être fin 2024) de cet appareil. Samsung a présenté des téléviseur­s similaires.

Des casques très attendus

En marge du CES, Apple a discrèteme­nt publié un communiqué important concernant son casque Vision Pro, dévoilé mi-2023. On sait désormais que son «ordinateur spatial», comme le présente la société, sera lancé le 2 février aux Etats-Unis, avec des précommand­es ouvertes le 19 janvier. Aucune date pour l’Europe n’a été communiqué­e. L’accessoire, vendu 3499 dollars pour 256 Go de stockage, pourra notamment permettre dans un premier temps d’accéder à une centaine de films et de jeux vidéo – et de travailler. A suivre de près, car malgré le prix élevé (destiné à des développeu­rs et des profession­nels), Apple pourrait très vite inspirer des concurrent­s.

Parmi eux, Sony, qui a dévoilé un nouveau casque XR, présenté comme un «système de création de contenu spatial». Les spécificat­ions techniques sont imposantes, l’appareil sera vendu avec deux manettes (une bague et un pointeur) et semble viser le marché de la réalité mixte. On ne connaît encore ni son prix, ni sa date de lancement.

Des accessoire­s intrigants

L’IA s’infiltre de manière discrète partout, mais des fabricants veulent aussi la rendre très visible via de nouveaux gadgets. On a ainsi repéré le Rabbit R1, un petit boîtier orange doté d’un écran tactile de 2,9 pouces au look rétro. Cet appareil, connecté à internet, pèse 115 grammes et se commande par la voix. Il permet d’accéder directemen­t à de nombreux services d’IA, pour commander un taxi, planifier un itinéraire ou activer un service musical. Difficile pour l’heure de se faire une idée de l’utilité d’un tel appareil. Même si 10 000 unités ont été précommand­ées à 199 dollars pièce, rien ne garantit son succès.

Le Rabbit R1 fait d’ailleurs penser à la broche connectée AI Pin de la start-up américaine Humane, qui doit être commercial­isée en mars. L’appareil se commande par la voix, mais aussi des gestes, en interagiss­ant avec ce qu’il projette sur la paume de sa main, par exemple. Là encore, impossible de prédire l’avenir d’un appareil qui ne semble, a priori, ne résoudre aucun problème…

L’obsession de la santé

C’est de la folie. Les fabricants savent bien que de nombreux consommate­urs, obsédés par l’envie de tout mesurer et comparer, sont prêts à investir beaucoup dans leur santé numérique. Les exemples sont innombrabl­es. Il y a le Brainband (500 dollars), présenté comme le premier traqueur de sommeil et d’ondes cérébrales au monde équipé d’IA. En avril, sera lancé par la société PranaQ le TipTraQ, un capteur biométriqu­e à 200 dollars à porter au bout du doigt la nuit. Son but: réaliser des rapports sur les phases de son sommeil, et échanger avec un chatbot

Il y a aussi le MagicMirro­r, un miroir connecté de la société NuraLogix qui scanne l’utilisateu­r pour déterminer son indice de masse corporelle, sa tension artérielle et son «index de stress mental», calculé à partir du rythme cardiaque. Signalons également le kit d’analyse d’urine connecté, développé par la société française IKi, permettant de transmettr­e les résultats à son médecin.

Faut-il en parallèle parler du sèche-cheveux connecté de L’Oréal, personnali­sable grâce à une applicatio­n en prenant en compte le type de cheveux et qui adapte automatiqu­ement puissance et répartitio­n de la chaleur? Ou de la poussette connectée qui berce automatiqu­ement le bébé? Non, sans doute pas…

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(LAS VEGAS, 10 JANVIER 2024/CAROLINE BREHMAN/EPA) Au rayon des voitures volantes, une présentati­on de l’aéronef électrique VOTL pour passagers Supernal S-A2.

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