Le groupe chinois CMOC devient le principal producteur de cobalt
Le groupe coté à Hongkong, qui vend tous ses minerais depuis Genève, étend son emprise sur un élément clé des batteries et dépasse Glencore. En 2024, la demande pour les matériaux de la transition énergétique devrait augmenter
Glencore, qui a longtemps été le principal producteur de cobalt au monde, s’est fait dépasser l’an dernier par un concurrent chinois, CMOC. Les deux poids lourds exploitent des complexes miniers importants au sud de la République démocratique du Congo (RDC). C’est d’ailleurs l’ouverture d’une nouvelle mine dans la région, celle de Kisanfu, qui a permis à CMOC de doper sa performance.
Plus de 55 000 tonnes
Le géant chinois négocie toute sa production minière à Genève, par le biais de sa filiale IXM. L’an dernier, il a produit plus de 55 000 tonnes de cobalt, contre un peu plus de 20 000 tonnes en 2022, une hausse de 170%, rapporte l’agence Bloomberg.
Les performances de Glencore sont plus stables: le groupe suisse a anticipé cet automne qu’il fournirait autour de 42 000 tonnes en 2023 – le chiffre définitif doit être communiqué en février. La RDC est de loin le pays qui produit le plus de cobalt, devant l’Indonésie.
Ce classement symbolique se fait dans un contexte difficile. Le métal est certes essentiel au fonctionnement de la plupart des batteries de véhicules électriques en Europe et aux Etats-Unis, qui commencent à se vendre comme des petits pains (même si des accumulateurs sans cobalt arrivent en Chine). L’Agence internationale de l’énergie anticipe d’ailleurs des hausses de la demande, souvent avec des taux de pourcentage à deux chiffres, pour à peu près tous les métaux ces prochaines décennies.
Cela n’a toutefois pas empêché les cours du cobalt de chuter en 2023, tout comme ceux du nickel ou du lithium, d’autres éléments liés aux batteries. La production de ces trois métaux s’est fortement accrue ces trois dernières années; or la demande, avec la conjoncture morose en Chine, a connu un ralentissement l’an dernier, qui devrait être passager.
«L’année 2024 sera celle des métaux», a pronostiqué en début de semaine Ole Hansen, le responsable des stratégies matières premières de Saxo Bank. L’expert anticipe «un fort retour de la demande dans la perspective d’une baisse du taux des fonds fédéraux et d’une diminution des rendements réels». Il y aura des différences selon les métaux mais la tendance, portée par l’électrification des transports, sera haussière, selon Ole Hansen.
Une voiture électrique ordinaire en Europe contient par exemple 60 kg de graphite, 50 de cuivre, 40 de nickel, 25 de manganèse, 12 de cobalt.
Sur le front du cuivre, dont les minerais tendent à se trouver dans les mêmes gisements que ceux du cobalt, Glencore demeure plus important que CMOC. La firme zougoise en a fourni plus d’un million de tonnes en 2022 (contre 419 000 pour CMOC en 2023), ce qui la place parmi les géants du secteur.
L’industrie du cuivre peine à augmenter la cadence
Une voiture électrique contient 60 kg de graphite, 50 de cuivre, 40 de nickel, 25 de manganèse, 12 de cobalt
Le cuivre est un autre métal essentiel à l’électrification de la société et sa production est autrement importante que celle du cobalt, du nickel et du lithium réunis. En 2022, 22 millions de tonnes de cuivre minier ont été produites contre 190 000 tonnes pour le cobalt, selon l’Institut d’études géologiques des EtatsUnis. Mais pour le métal rouge, l’industrie peine à augmenter la cadence.
Ces vingt dernières années, aucun important gisement de cuivre n’a été découvert et lancer l’exploitation de ceux qui existent prend facilement plusieurs décennies. Une importante mine au Panama a fermé ses portes cet automne, à la suite de désaccords avec l’Etat. Au Chili et au Pérou, les deux principaux pays producteurs, des groupes miniers sont critiqués pour leur atteinte à l’environnement, notamment Glencore.
Dans le commerce des métaux de la transition, la Suisse est aux avant-postes. Glencore et Trafigura, une entreprise dirigée de Genève, sont les deux principaux négociants de cobalt et de cuivre au monde. Ils sont suivis par IXM, la filiale de CMOC.
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