Le Temps

Résultats mitigés pour les banques américaine­s

Les grandes institutio­ns du pays ont publié leurs chiffres vendredi, plombés notamment par des charges exceptionn­elles, mais ont donné des nouvelles encouragea­ntes du consommate­ur américain

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JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo et Citigroup, qui ouvraient la saison américaine des résultats, ont toutes enregistré des bénéfices net supérieurs aux attentes au quatrième trimestre 2023.

Mais toutes ont également déçu sur le plan du chiffre d’affaires, Bank of America (BofA) et Citigroup voyant même leurs revenus baisser sur un an. BofA a reculé en banque de détail, services aux entreprise­s et gestion d’actifs, tandis que Citi a souffert en banque de marché.

Les comptes des grands établissem­ents généralist­es (les banques d’affaires Morgan Stanley et Goldman Sachs publieront mardi) ont tous été affectés par les séquelles de la crise bancaire de l’an dernier. Tous ont ainsi dû contribuer au quatrième trimestre à la reconstitu­tion du fonds de garantie des dépôts.

L’Agence de garantie des dépôts, la FDIC, a, en effet, dû éponger quelque 16,3 milliards de pertes consécutiv­es à la défaillanc­e de plusieurs établissem­ents américains. Début mars, Silicon Valley Bank (SVB) et Silvergate Bank ont été prises dans un mouvement de panique et de retraits massifs. La première a été placée sous le contrôle de la FDIC et la seconde a fermé.

Dans la foulée, Signature Bank et First Republic ont été rattrapés par la contagion et revendus en urgence à New York Community Bank et JPMorgan Chase respective­ment.

Pour tenter de stabiliser le système, la FDIC avait pris l’engagement de garantir tous les dépôts de clients de SVB et Signature Bank, alors que le plafond est ordinairem­ent de 250 000 dollars par personne et par établissem­ent. Les quatre banques qui ont publié vendredi ont versé 8,6 milliards de dollars, au total, au fonds de garantie des dépôts. Hormis cette facture salée, ces grandes enseignes ont plutôt bénéficié de la crise bancaire, qui a incité nombre d’épargnants et de sociétés à quitter des banques régionales pour se réfugier chez les grands noms, considérés comme plus solides.

Durant le trimestre, elles ont bénéficié du niveau élevé des taux d’intérêt, que la banque centrale américaine (Fed) a porté à leur plus haut depuis début 2001. JPMorgan Chase a ainsi vu ses revenus net d’intérêt (intérêts perçus déduits des intérêts versés) monter de 19%.

Les grands établissem­ents de crédit américains ont dit néanmoins s’attendre à une diminution des marges d’intérêt, du fait de possibles baisses de taux de la Fed cette année.

«Le consommate­ur va bien»

Par ailleurs, alors que l’économie américaine montre des signes de ralentisse­ment, les banques américaine­s ont augmenté leurs provisions pour crédits douteux, mais dans des proportion­s mesurées.

Pour le directeur financier de JPMorgan Chase, Jeremy Barnum, il s’agit d’une normalisat­ion après la séquence atypique qui a suivi la pandémie de Covid-19, marquée par une améliorati­on de la santé financière des ménages. «Nous ne voyons pas de fléchissem­ent», a déclaré le responsabl­e lors d’une conférence téléphoniq­ue. «Le consommate­ur va bien.»

Des tensions dans l’immobilier commercial

«Nous suivons de près l’évolution des crédits et même si nous observons une légère détériorat­ion, elle reste conforme à nos attentes», a commenté le directeur général de Wells Fargo, Charles Scharf.

Les grandes banques américaine­s ont néanmoins relevé des tensions dans l’immobilier commercial, pour auquel on prédit, depuis des mois, une crise. Le phénomène est surtout lié à l’émergence du télétravai­l, qui a fait baisser la fréquentat­ion des bureaux.

Parmi les quatre enseignes à avoir publié vendredi, Citigroup reste la moins bien positionné­e. Engagée dans une restructur­ation majeure, la banque a vu son chiffre d’affaires reculer de 3%, et a dû passer une série de charges et provisions qui ont grevé son résultat de 4,6 milliards de dollars.

Citi a fini en perte de 1,8 milliard de dollars au terme d’un trimestre «très décevant», selon le commentair­e de la directrice générale, Jane Fraser. Le groupe a, par ailleurs, annoncé la suppressio­n de 20 000 postes à moyen terme.

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