Merci à l’Afrique du Sud

Du Moyen Orient, les écrans TV nous rapportent d’effroyables images qui rappellent étrangement les vues de Varsovie après sa destruction. Passivement, le citoyen lambda se tait, en détournant les yeux. Il se cantonne à son rôle qui est de consommer biens et divertissements. Sa voix ne compte pas. Il pourrait cependant espérer que ses représentants expriment son malaise, puisque c’est aussi pour cela qu’il les a élus.

Mais non. L’indignation des gouvernements européens est, à de rares exceptions scandinaves près, inaudible. Est-ce le poids de l’Histoire qui coince les démocraties libérales? Voltaire, pourfendeur des injustices, doit se retourner dans sa tombe. C’est pourtant grâce à lui et ses collègues des Lumières que se sont construits les droits de l’homme, base de nos valeurs.

Quand un tueur en série fauche une classe d’école aux USA, la police cherche à le neutraliser. Elle ne va pas raser le quartier dans lequel il est né en prétextant que chacun de ses voisins est responsable de ne pas avoir favorisé l’environnement harmonieux qui aurait dû empêcher l’émergence de ce tueur! Non, il y a des lois auxquelles la police est censée se soumettre. A Gaza, le gouvernement israélien est au-dessus des lois. Il fait sa loi. Si le terrorisme a éclos sur ce territoire, chaque habitant en porte la responsabilité puisqu’il en a favorisé l’éclosion. Tant pis s’il souffre aujourd’hui. Le gouvernement israélien ne s’interroge pas sur sa propre attitude vis-à-vis des Palestiniens. La ségrégation, la négation de leur existence, les décennies d’humiliation, la colonisation illégale rampante… Les souffrances passées du peuple juif lui donneraient-elles aujourd’hui tous les droits?

Le passé de l’Afrique du Sud n’est pas sans tache non plus. Ce pays est cependant une jeune démocratie, plus fraîche, plus détachée de quelques fardeaux qui pèsent encore sur les pays européens. Merci à elle de reprendre le flambeau de Voltaire.

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