Des racines et des ailes
Le hasard ou la nécessité peuvent nous emmener très loin de notre port d’attache. Et inspirer des histoires captivantes
La quand, déception après avoir est grande demandé pour à Pauline son père de lui offrir un voyage, elle se retrouve à faire une croisière sous la garde de Natalie Petrakov, l’amie cantatrice de son père. A bord de La Reine Astrid, la fillette a le mal de mer et s’ennuie. Blessée par l’absence de son père, elle enrage et le fait savoir. Pourtant, la traversée est l’occasion de côtoyer la vraie reine Astrid et le jeune Baudouin et de faire la connaissance du personnel de bord. Au fil des jours, la fillette s’adapte si bien qu’elle en vient à vouloir vivre sur le paquebot. Et quand Natalie se penche sur elle le soir pour l’embrasser, elle cherche à retenir son parfum.
Le talent de Marie Desplechin et de François Roca est à la hauteur de nos attentes. Ce journal de bord, écrit par l’héroïne pour son père, fait tour à tour vibrer et sourire le lecteur. Un happy end se profile même sous la forme d’une famille recomposée. François Roca excelle, dans ses tableaux souvent en pleine page, à dépeindre l’atmosphère d’une époque dans laquelle il est à l’aise.
C’est une ferme l’histoire d’un d’une hameau famille du Morvan. qui vit dans Elle débute à l’aube de la Grande Guerre et se termine un siècle plus tard avec l’effondrement des Twin Towers, à New York. On y suit les membres de ce clan pris dans l’Histoire, la grande, sur quatre générations, leurs amours, leurs secrets, leurs drames. Mais aussi l’évolution de la société. Chaque chapitre se centre sur un personnage, ses sensations, les saisons aux Chaumes. Le récit, qui saute parfois quelques mois, quelques années, alterne avec des résumés des événements familiaux et historiques.
C’est à se demander si Anne-Laure Bondoux a une recette pour captiver ainsi son lecteur roman après roman. On avait déjà été happés par L’aube sera grandiose. Ici, on s’incline devant le travail de recherche historique et de réflexion sur la violence. On savoure aussi son écriture.
Ils ont quitté leur lointain pays, leurs racines et leurs traditions pour offrir un avenir à leur fils; ils ne se sont jamais plaints et ont toujours travaillé. Zeno Sworder témoigne des humiliations vécues par ses parents, à qui il rend hommage, ainsi qu’à tous les parents immigrés. A chaque sacrifice, il les rapetisse physiquement, alors que lui grandit, en un effet surréaliste. Quand, à l’école, il subit le racisme, il les en rend responsables et les voudrait «normaux». C’est à l’âge adulte, alors qu’il construit sa vie de famille, qu’il prend pleinement conscience de l’importance de ce qu’ils lui ont transmis. Il peut alors s’occuper d’eux en retour. Cet hommage, servi par de belles illustrations aux teintes comme délavées par la pudeur, est bouleversant.
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