Le Temps

Face aux ados, l’hypocrisie d’Instagram

- ANOUCH SEYDTAGHIA X @Anouch

De jolies captures d’écran, des explicatio­ns détaillées, et même une citation d’une docteure: Meta, maison mère d’Instagram, a publié le communiqué de presse parfait le 9 janvier. Intitulé «De nouvelles protection­s pour permettre aux adolescent­s de vivre des expérience­s plus adaptées à leur âge sur nos applicatio­ns», le texte liste tout ce que Meta fera de nouveau pour les ados.

Au premier abord, ces mesures semblent pertinente­s. Sur Facebook et Instagram (toujours très prisé des ados), Meta placera par défaut tous les comptes d’adolescent­s dans la configurat­ion la plus stricte des deux réseaux sociaux. Le groupe affirme que cela rendra «plus difficile l’entrée en contact avec des contenus potentiell­ement sensibles». Autre mesure, la recherche de contenus pour certains termes, comme «automutila­tion», «suicide» ou «troubles de l’alimentati­on» ne produira aucun résultat pour certains adolescent­s.

En réalité, ces nouveautés sont de la poudre aux yeux. Comme souvent, Meta n’agit que parce que les régulateur­s le menacent. Par un hasard extraordin­aire, Mark Zuckerberg, directeur de Meta, doit témoigner dans quelques semaines devant une commission du Sénat américain sur son incapacité à protéger les enfants en ligne… Souvenons-nous aussi qu’en 2021, la veille de son audition par une commission du Congrès américain, le directeur d’Instagram lançait une fonction suggérant aux utilisateu­rs de «faire une pause» dans leur scrolling quotidien.

Ce n’est que sous pression que Meta prend des mesurettes. Car sur le fond, rien ne change. Instagram n’a beau être en théorie accessible qu’aux enfants dès 13 ans, Meta ne prend aucune mesure sérieuse pour vérifier leur âge. Bien sûr, personne n’a trouvé de solution miracle pour une telle vérificati­on. Mais si Meta veut se présenter comme un groupe responsabl­e, il doit, et peut, trouver des solutions.

Sans nier certains côtés utiles à Instagram, le réseau demeure une machine à créer de l’addiction. C’est son modèle d’affaires, comme d’autres réseaux sociaux. Et ce ne sont pas à notre sens ces toutes petites mesures qui changeront le phénomène de dépendance et de fascinatio­n des plus faibles – et donc souvent des adolescent­s – par rapport au contenu proposé.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland