Le rallye des obligations
Il y a encore quelques mois, le rendement à l’échéance des bons du Trésor américains à dix ans oscillait autour de 5%. En l’espace de deux mois, il est retombé sous la barre des 4%. En Suisse, le rendement des obligations à dix ans de la Confédération est redescendu à 0,8%, après avoir atteint 1,2% à l’automne.
Comme la baisse des rendements à l’échéance implique une hausse des prix des obligations, les investisseurs obligataires ont pu profiter de belles performances en 2023. Les obligations à dix ans de la Confédération ont ainsi généré une performance totale d’environ 10%. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse soudaine des rendements obligataires.
Aux Etats-Unis et en Europe, l’inflation redescend rapidement. Bien que cette dynamique soit réjouissante, le rythme de l’augmentation des prix est encore au-delà des niveaux que visent les banques centrales. C’est pourquoi ces dernières ne baissent pas encore leur taux d’intérêt directeur. Même en Suisse, où le renchérissement s’est établi à 1,4% en glissement annuel selon les derniers chiffres (novembre), la Banque nationale suisse a maintenu son taux d’intérêt directeur à 1,75%.
Cependant, les investisseurs anticipent un assouplissement rapide des conditions monétaires. Ils ont raison, mais ils sont peut-être aussi un peu trop optimistes. Aux Etats-Unis, les attentes du marché quant aux baisses des taux d’intérêt directeurs devancent celles des décideurs de la Réserve fédérale américaine. Ce sont ces anticipations
La tendance devrait se poursuivre cette année, mais de manière plus modérée
qui ont conduit à la baisse les rendements obligataires observés.
L’inflation devrait continuer à se normaliser et la croissance économique à ralentir, ce qui devrait mener à une nouvelle baisse des rendements des obligations d’Etat. Ainsi, le rallye obligataire devrait se poursuivre cette année, mais de manière plus modérée, les rendements actuels reflétant déjà en grande partie les baisses de taux à venir. Cependant, les prochains mois pourraient être volatils, surtout si l’inflation et la croissance surprennent en repartant à la hausse.
Un risque de récession à ne pas écarter
La performance des emprunts d’Etat attendue pour cette année est plus modeste qu’escomptée il y a quelques mois. Toutefois, elle reste positive. En outre, les obligations de bonne qualité pourraient particulièrement bien performer en cas de récession économique, un risque qui ne peut toujours pas être écarté aujourd’hui.
En résumé, ces actifs sont intéressants dans un contexte de portefeuille d’investissement car ils sont susceptibles de performer dans la plupart des scénarios économiques les plus plausibles au cours des douze prochains mois. ■