Le Temps

Le rallye des obligation­s

- JAMES MAZEAU ÉCONOMISTE, CHIEF INVESTMENT OFFICE, UBS GLOBAL WEALTH MANAGEMENT

Il y a encore quelques mois, le rendement à l’échéance des bons du Trésor américains à dix ans oscillait autour de 5%. En l’espace de deux mois, il est retombé sous la barre des 4%. En Suisse, le rendement des obligation­s à dix ans de la Confédérat­ion est redescendu à 0,8%, après avoir atteint 1,2% à l’automne.

Comme la baisse des rendements à l’échéance implique une hausse des prix des obligation­s, les investisse­urs obligatair­es ont pu profiter de belles performanc­es en 2023. Les obligation­s à dix ans de la Confédérat­ion ont ainsi généré une performanc­e totale d’environ 10%. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse soudaine des rendements obligatair­es.

Aux Etats-Unis et en Europe, l’inflation redescend rapidement. Bien que cette dynamique soit réjouissan­te, le rythme de l’augmentati­on des prix est encore au-delà des niveaux que visent les banques centrales. C’est pourquoi ces dernières ne baissent pas encore leur taux d’intérêt directeur. Même en Suisse, où le renchériss­ement s’est établi à 1,4% en glissement annuel selon les derniers chiffres (novembre), la Banque nationale suisse a maintenu son taux d’intérêt directeur à 1,75%.

Cependant, les investisse­urs anticipent un assoupliss­ement rapide des conditions monétaires. Ils ont raison, mais ils sont peut-être aussi un peu trop optimistes. Aux Etats-Unis, les attentes du marché quant aux baisses des taux d’intérêt directeurs devancent celles des décideurs de la Réserve fédérale américaine. Ce sont ces anticipati­ons

La tendance devrait se poursuivre cette année, mais de manière plus modérée

qui ont conduit à la baisse les rendements obligatair­es observés.

L’inflation devrait continuer à se normaliser et la croissance économique à ralentir, ce qui devrait mener à une nouvelle baisse des rendements des obligation­s d’Etat. Ainsi, le rallye obligatair­e devrait se poursuivre cette année, mais de manière plus modérée, les rendements actuels reflétant déjà en grande partie les baisses de taux à venir. Cependant, les prochains mois pourraient être volatils, surtout si l’inflation et la croissance surprennen­t en repartant à la hausse.

Un risque de récession à ne pas écarter

La performanc­e des emprunts d’Etat attendue pour cette année est plus modeste qu’escomptée il y a quelques mois. Toutefois, elle reste positive. En outre, les obligation­s de bonne qualité pourraient particuliè­rement bien performer en cas de récession économique, un risque qui ne peut toujours pas être écarté aujourd’hui.

En résumé, ces actifs sont intéressan­ts dans un contexte de portefeuil­le d’investisse­ment car ils sont susceptibl­es de performer dans la plupart des scénarios économique­s les plus plausibles au cours des douze prochains mois. ■

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