La Confédération s’empare de la cause ukrainienne
On pourrait appeler cela «le processus du Lohn». Viola Amherd a créé la surprise, dans cette résidence des hôtes d’Etat, en annonçant l’engagement de la Suisse à organiser une conférence mondiale de la paix. Un voeu exprimé l’an dernier par Volodymyr Zelensky. Une démarche qui s’inscrit dans les suites du plan de paix ukrainien discuté la veille à Davos.
Tout reste à faire. Mais c’est un signal particulièrement fort de Berne en soutien à Kiev.
L’Ukraine, dans une mauvaise passe, en avait besoin. Après la fatigue des alliés, la remobilisation passe ainsi par notre pays. Volodymyr Zelensky et plusieurs de ses ministres sont venus plaider leur cause à Berne, Davos et Genève. Une façon pour Kiev de reprendre l’initiative face à une Russie qui a enregistré plusieurs succès diplomatiques ces derniers mois. Il était urgent d’à nouveau faire
C’est une façon pour Kiev de reprendre l’initiative
entendre sa voix, étouffée par les conflits du Proche-Orient, alors que l’agression russe reprend de plus belle.
A l’heure où les alliés de Kiev s’interrogent sur la nécessité de délier davantage leur bourse, c’est un peu la dernière chance pour reprendre la main. Cette séquence a débuté à Davos avec une solution de paix ukrainienne qui a d’abord laissé sceptique mais qui parvient désormais à rallier plus largement. Le fait que la Suisse en ait été coorganisatrice n’est pas anodin. Sa réputation d’acteur neutre légitime la démarche. Kiev a réitéré que des concessions territoriales restaient exclues. Une posture intenable? L’association de la Suisse à la suite des négociations est de nature à convaincre certains pays du Sud tout en sachant que l’Ukraine devra aussi faire des concessions.
Berne a offert à Volodymyr Zelensky un accueil hors norme avec la rencontre de représentants de tous les pouvoirs, gouvernement, parlement et partis. Un geste fort de la part d’un Etat neutre, qui démontre ainsi qu’il n’est pas indifférent. Dans le même temps, à Genève, plusieurs organisations internationales accueillaient la vice-première ministre Iryna Verechtchouk pour débattre de l’aide humanitaire, avec un passage au CICR. Retour par Davos enfin, où le Forum économique mondial permettra au président ukrainien de multiplier les contacts. Avec l’espoir ténu mais réel d’un échange avec le premier ministre chinois, aussi présent dans la station grisonne.
Certains, ici, ne manquent pas de déplorer cet activisme. A tort. La Suisse est dans son rôle en favorisant le dialogue et la paix. Si la Russie en est exclue pour l’heure, c’est uniquement parce que Moscou s’est mis en marge de la légalité internationale et qu’elle menace la sécurité de l’Europe, donc de la Suisse. Quand Vladimir Poutine reviendra à de meilleures intentions, Berne pourra à nouveau l’accueillir. A commencer par un sommet pour la paix. ■