Nissaba, cartographie des senteurs
Marque encore confidentielle, Nissaba a été lancée il y a un an. Son fondateur, Sébastien Tissot, a travaillé dix-sept ans chez Firmenich, géant genevois de fragrances et d’arômes, pour qui il a parcouru le monde entier, travaillant dans l’approvisionnement en matières premières. Son expertise lui a donné envie de faire un pas de côté, en demandant à de grands nez de sublimer les ingrédients issus d’un pays spécifique.
«D’habitude les parfumeurs sont soumis à de nombreuses contraintes lorsqu’ils travaillent pour les grands groupes», détaille Sébastien, qui a laissé carte blanche à ces artistes des senteurs. Tout d’abord, pas de test consommateur, de rigueur dans la parfumerie de niche, ce qui amène souvent à plébisciter et à rendre récurrentes des matières «faciles», car accrocheuses. Pas de limite de budget, permettant ainsi de larges dosages, pas de référence à des produits existants, et pas de genre prédéfini.
Des ingrédients traditionnels nobles et de grande qualité viennent ainsi dessiner cinq périmètres olfactifs, en commençant par le Paraguay, avec une senteur plus fraîche comme «Chaco», avec maté, petit grain et bois de gaïac alias palo santo, ou une composition plus ambrée comme «Tierra Maya» incorporant la cardamome et du baume du Pérou, rehaussés par une touche d’extrait de rose. «Les agriculteurs péruviens montent à 10 mètres pour cueillir le baume, puis ils chauffent l’écorce, raconte Sébastien Tissot. Il s’agit d’un proces-* sus hyper archaïque, une des filières les plus mystérieuses du parfum.»
A rebours des emballages traditionnels, souvent imposants et composés de parties impossibles à recycler, les flacons ont été conçus dans un verre très léger doté d’un bouchon en bois, pour être rechargés. Pour pérenniser ces filières d’ingrédients, la marque verse 5% de son chiffre d’affaires à des projets d’agriculture pour soutenir les cultivateurs de plantes à parfum, notamment à Madagascar où les jeunes, sortis de l’école, suivent un itinéraire agronomique sur une parcelle d’un demi-hectare où ils peuvent diversifier leurs plantations, grâce à un projet sophistiqué et adapté à leur réalité.
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