Quatre enseignements d’une énorme victoire
L’ancien président a vécu une soirée électorale idéale dans le premier Etat à départager les candidats républicains avant l’élection générale du 5 novembre
Les sondages promettaient une victoire historique de Donald Trump dans le caucus de l’Iowa. Malgré une participation bien moindre qu’en 2016, quand le politicien avait perdu l’Iowa mais gagné la présidence, les républicains du petit Etat du Midwest ne lui ont pas fait faux bond. Il avait appelé les électeurs à se déplacer malgré le froid extrême. Quitte à y laisser leur vie. «Cela vaut la peine», disait-il.
Trump a remporté plus de la moitié des suffrages (51%), plus que tous les autres concurrents réunis. A l’exception d’un seul tombé dans l’escarcelle de Nikki Haley, tous les comtés lui ont donné la victoire. Jamais un candidat n’avait eu une telle marge lors de ce caucus pratiqué par les républicains depuis 1976. Ce scrutin donne l’élan pour la suite de la course à l’investiture républicaine pour défier le président sortant Joe Biden le 5 novembre prochain.
1 Les républicains se moquent des ennuis judiciaires du vainqueur
Ce scrutin, qui ouvre les primaires républicaines, était le premier depuis les multiples inculpations du milliardaire, accusé d’avoir violé la loi sur le financement électoral pour cacher un paiement à une ancienne maîtresse, d’avoir dérobé des documents secrets et, surtout, d’avoir tenté de renverser le résultat de la présidentielle de 2020 et d’avoir incité à l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021.
Selon un sondage réalisé par la chaîne CNN auprès des participants de ce caucus, deux tiers d’entre eux pensent que leur champion serait toujours apte à être président s’il était condamné par la justice. Le procès pour ses attaques contre la démocratie américaine est fixé pour l’instant au 4 mars, soit la veille du «super mardi», quand 16 Etats voteront pour départager les candidats républicains. Mais ce procès pourrait être repoussé par les appels du prévenu. Il n’est même pas dit qu’il soit condamné avant que la course à l’investiture républicaine soit jouée.
2 La machine électorale MAGA a montré son efficacité
Normalement, la victoire en Iowa revient aux candidats qui ont le plus labouré cet Etat rural et très conservateur, en allant à la rencontre des électeurs. Donald Trump n’a même pas eu besoin de se donner tant de peine. Il s’est fait rare entre deux convocations par la justice. Mais le septuagénaire n’est pas un candidat normal. C’est un ancien président. Même s’il n’est pas le chef d’Etat sortant, il bénéficie de l’immense notoriété liée à sa fonction passée.
La tête d’affiche absente, son équipe de campagne s’est démenée sur le terrain, capitalisant sur les électeurs qui avaient déjà voté Trump par le passé. Célébrant sa victoire lundi soir à Des Moines, Donald Trump s’est voulu rassembleur, félicitant ses rivaux pour leur performance.
Sa force électorale et d’intimidation a fait qu’il a déjà enregistré un ralliement. Lundi soir, le jeune entrepreneur Vivek Ramaswamy, qui a obtenu 7,7% des voix en Iowa, a mis fin à sa course. Pendant sa campagne, le politicien conspirationniste a soutenu sans réserve Donald Trump face à la justice, attaquant sans relâche les autres candidats. Pendant ce temps, le favori ignorait superbement les débats télévisés avec ses lointains poursuivants. Mais Vivek Ramaswamy chassait sur les terres du mouvement Make America Great Again (MAGA) lancé par Donald Trump. A deux jours du scrutin, son fondateur l’a pour la première fois rappelé à l’ordre, soulignant que chaque voix pour Vivek Ramaswamy était une voix de perdue pour lui. Non content d’avoir le vent dans le dos, Donald Trump s’avance donc vers la prochaine primaire le 23 janvier prochain dans le New Hampshire avec une réserve de voix.
3 Ron DeSantis et Nikki Haley se neutralisent
Certes, Ron DeSantis a déjoué les pronostics en devançant de justesse (21,2% des suffrages, soit un peu plus de 2000 voix) sa rivale pour la seconde place, Nikki Haley (19,1%), l’ancienne ambassadrice de Donald Trump à l’ONU et ex-gouverneure de Caroline du Sud. Mais le gouverneur de Floride avait tout misé sur cet Etat conservateur, visitant, lui, ses 99 comtés. Le politicien a accueilli cette seconde place avec un immense soulagement. Si Nikki Haley l’avait devancé, il aurait eu de la peine à convaincre de poursuivre sa campagne.
La seule femme dans cette course pensait imposer un duel avec Donald Trump. Ce n’est pas le cas. Ses meilleures chances seront dans le New Hampshire, où la primaire est ouverte aux électeurs indépendants. Elle se montre toujours très timide envers Donald Trump, qu’elle a félicité lundi soir. L’un de ses lieutenants, le gouverneur du New Hampshire, soulignait qu’il n’aurait pas de scrupules à voter pour Donald Trump, si celui-ci devait être le nominé du parti et même s’il était condamné par la justice. Ron DeSantis, lui, de plus en plus offensif à l’égard de son ancien mentor, a d’ores et déjà annoncé qu’il concentrait ses efforts sur l’Etat qui suivra le New Hampshire: la Caroline du Sud, laquelle votera le 3 février, et qui pourrait déjà enterrer les espoirs des deux derniers rivaux de Donald Trump.
4 Les démocrates se préparent déjà à affronter Donald Trump
Certains caucus n’avaient pas encore voté en Iowa que les démocrates mobilisaient déjà contre Donald Trump. «La menace de Donald Trump est devenue plus claire auprès des votants», pouvait-on lire dans un e-mail appelant aux dons.
Le phénix républicain est-il le meilleur adversaire possible pour le président Joe Biden? Les démocrates semblent le penser. Ils vont intensifier leurs attaques contre leur repoussoir. Le président Biden a beau battre des records d’impopularité, il répète à qui veut l’entendre: «Ne me comparez pas à l’éternel mais à l’alternative.» Ce duel entre les deux seniors, dont une majorité d’Américains ne veut pas, se précise chaque jour un peu plus.
■