Le Temps

Le premier ministre chinois veut rassurer les patrons

Après sa visite officielle à Berne lundi, Li Qiang s’est adressé aux dirigeants dans la station grisonne. Il a martelé un message d’ouverture et rappelé les avancées de son économie dans certains domaines

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Au classement des plus hauts dirigeants mondiaux présents à Davos, il est probableme­nt en tête selon les indicateur­s retenus, ou en tout cas sur le podium. Le numéro deux de la deuxième économie mondiale, Li Qiang, est un homme observé de près. Même s’il est de bon ton à Davos d’estimer que les déclaratio­ns en plénière n’ont pas de réel intérêt, celles du premier ministre chinois ne sont pas tout à fait ignorées non plus.

«La Chine restera fidèle à sa politique d’ouverture» a affirmé le premier ministre chinois devant le parterre de têtes couronnées d’écouteurs. Elle accueille «à bras ouverts» les investisse­urs de tous les pays, auxquels elle assurera un traitement égal. Le marché est immense, la demande va continuer à se développer, dit-il. La classe moyenne devrait passer de 400 millions de personnes aujourd’hui à 800 millions d’individus dans dix ans, annonce le dirigeant, signalant également l’urbanisati­on encore en cours, qui «créera une demande immense».

Une intelligen­ce artificiel­le «inclusive»

La croissance du PIB chinois a été de 5,2% en 2023, a annoncé le premier ministre, au-dessus des prévisions du début de l’année. Selon 58 économiste­s interrogés par Reuters, il faut s’attendre à une baisse de la croissance pour 2024, à 4,6%, alors que la croissance a oscillé entre 10% et 6% pendant la décennie précédente. Métaphore toute trouvée pour Li Qiang: l’économie chinoise est à l’image de la chaîne des Alpes, «qui ondule avec ses pics magnifique­s, et dont il faut apprécier la beauté en prenant du recul, et en adoptant une vision panoramiqu­e».

Le premier ministre s’est prononcé pour une intelligen­ce artificiel­le «inclusive», affirmant entre les lignes l’avance de la Chine en la matière, qui a «déjà mis en place des régulation­s très strictes», établissan­t «un cadre éthique». La Chine organise une grande conférence annuelle internatio­nale avec des experts mondiaux pour débattre de ce thème depuis 2016. «Vous êtes tous et toutes cordialeme­nt invités» à la 7e édition.

Mêmes commentair­es pour ce qui concerne les développem­ents dans les nouvelles technologi­es assurant la transition énergétiqu­e. Que ce soit dans le photovolta­ïque, les datas, la robotique, la télésanté, «la croissance est à deux chiffres depuis plusieurs années». La Chine compterait 400 entreprise­s de hautes technologi­es et se placerait en deuxième position mondiale en termes de licornes, les start-up valorisées à plus de 1 milliard de dollars en bourse.

Allusions anti-américaine­s

Le numéro deux chinois s’est également déclaré grand supporter du multilatér­alisme, la «direction à suivre». «Outil de protection pour les petits pays», il est utile lorsqu’il est correcteme­nt mis en oeuvre, permettant un effet démultipli­cateur. Pour d’autres pays, c’est un test permettant de «vérifier s’ils respectent leurs engagement­s vis-à-vis de la communauté internatio­nale». Car «si les règles sont fixées par certains pays, peut-on parler de multilatér­alisme?» Allusion à peine déguisée au comporteme­nt de son grand rival économique, les EtatsUnis. «Entre les lignes, c’était un discours très anti-américain» commentait un dirigeant européen après la session.

Li Qiang est le plus haut responsabl­e chinois à participer à la réunion annuelle du Forum économique mondial depuis le président Xi Jinping en 2017. Lundi, il a rencontré la présidente de la confédérat­ion Viola Amherd à Berne et annoncé ainsi la relance du dialogue à haut niveau entre la Chine et la Suisse. ■

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