Le Temps

Les motivation­s électorale­s d’un président qui ne peut pas être réélu

- PAUL ACKERMANN @paulac

Emmanuel Macron est en campagne. Et cette campagne a deux axes principaux. L’autorité, d’une part, avec toute une série de mesures pour «réarmer civiquemen­t» son pays et surtout sa jeunesse via l’école. Et l’économie, d’autre part, en continuant à vouloir réformer la France afin de la rendre plus forte avec son «acte II» de la libéralisa­tion du pays. Le président français veut ainsi séduire «cette France de l’effort et du mérite», celle de la classe moyenne. C’est aussi ce boost économique qu’il est venu chercher à Davos, ce mercredi, avec son opération séduction visant les investisse­urs étrangers, dans la foulée d’actions similaires par le passé.

Dans l’optique de cette campagne, pour regagner une petite partie du coeur des Français, Emmanuel Macron a posé de nombreuses premières pierres mardi soir, à l’occasion de sa grande conférence de presse gaullienne aux accents parfois très conservate­urs. C’est dans cette optique aussi qu’il s’est choisi un premier ministre très jeune et dynamique ainsi qu’un gouverneme­nt combatif et droitier.

On l’aura compris, la cible de cette campagne tournée vers l’action est le Rassemblem­ent national. En misant sur l’identité et l’autorité, il entend couvrir des sujets qui ont longtemps été trustés par l’extrême droite. Et en misant sur l’économie, il pense travailler sur la cause réelle du vote RN: le sentiment de déclasseme­nt.

Mais pourquoi utiliser tant de forces à faire campagne alors qu’il ne peut pas être réélu?

En étripant le Rassemblem­ent national lors de sa conférence de presse mardi, Emmanuel Macron a laissé voir ce qui le motive encore: agir pour éviter de devoir passer le pouvoir à Marine Le Pen en 2027. Et avant cela, éviter la déroute aux élections européenne­s de juin. Une écrasante victoire du RN, à plus de 30%, 10

La cible de cette campagne tournée vers l’action est le RN

points devant le camp présidenti­el, mettrait définitive­ment le pays sur les rails de la domination idéologiqu­e lepéniste.

Cette campagne, Emmanuel Macron la porte donc en se posant en rempart contre la menace d’une extrême droite qui, en prenant un poids important au Parlement européen, pourrait noyauter cette UE qui lui est si chère et que les Français aussi veulent garder pour appuyer leur sécurité et leur puissance. C’est aussi là le sens de son appel ce mercredi à Davos pour que l’Europe émette à nouveau de la dette commune afin d’investir dans l’innovation.

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