Durabilité et confiance, clés de l’économie de demain
A Davos cette semaine, les dirigeants du monde entier sont confrontés à des enjeux majeurs tels que la désinformation, le climat, l’énergie et l’environnement. Il est temps de regarder vers l’avenir avec lucidité.
Au coeur des débats se tenant à la SDG Tent, sous l’impulsion d’André Hoffmann, membre du Board of Trustees du WEF, plus de 180 leaders d’entreprises se sont rassemblés pour discuter d’une proposition novatrice pour la Suisse: l’établissement d’un statut juridique officiel pour les «entreprises durables». Portée par l’Alliance pour les entreprises durables, cette proposition a suscité un débat animé. Une effervescence qui ne doit rien au hasard au moment où, aux Etats-Unis et ailleurs, les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) sont remis en question dans un mouvement d’une ampleur inédite. Pourtant, la durabilité va bien au-delà de ces critères, répondant aux impératifs fondamentaux de l’économie réelle. Bien que les critères ESG commencent à faire leur chemin dans le secteur financier, l’agenda de la durabilité interpelle l’ensemble des acteurs économiques. L’Alliance vise à encourager un débat franc et factuel, axé sur l’avenir et éloigné de toute considération politique partisane.
Si la Suisse, en tant qu’hôte du Forum, continue à réaffirmer son rôle sur les questions cruciales internationales, elle n’est pas à l’abri des problèmes socioéconomiques qui touchent les autres pays avancés. De l’inflation à une croissance ralentie, de la pression sur certains secteurs industriels stratégiques au maintien de la compétitivité des petites et moyennes entreprises, la Suisse doit démontrer sa résilience en s’efforçant de combiner innovation et durabilité.
Le thème du Forum 2024, «Reconstruire la confiance», n’est pas qu’un slogan. Il constitue un impératif stratégique, surtout pour la Suisse, où la pression pour des pratiques transparentes et responsables s’intensifie jusque dans les chaînes d’approvisionnement. Les entreprises doivent non seulement maintenir, mais également accroître la confiance, en se positionnant comme des acteurs crédibles dans un monde fragmenté.
Le contexte international? Plus de 3 milliards de personnes s’apprêtent à voter cette année, dans une atmosphère où la désinformation s’étale telle une ombre glaçante, rappelant les rues hivernales de Davos. Parallèlement, de grandes entreprises, déterminées à exploiter de nouvelles ressources fossiles, bénéficient du soutien d’investisseurs qui renient leurs engagements de désinvestissement. De plus, les gouvernements commencent tout juste à saisir l’ampleur des enjeux de souveraineté liés à l’intelligence artificielle.
L’idée selon laquelle les organisations économiques pourraient s’affranchir de la gestion de la durabilité est non seulement illusoire, mais aussi contre-productive. Le développement et l’essor de pratiques durables incitent l’ensemble des secteurs économiques à unifier leurs démarches environnementales, sociétales et de gouvernance. Cependant, il est clair que les initiatives privées ne suffisent plus aujourd’hui pour établir des règles du jeu équitables et pour orienter les entreprises sur la marche à suivre en la matière.
Notre proposition consiste en un statut que les entreprises adopteraient sur une base volontaire, mais qui leur conférerait un avantage concurrentiel immédiat par le biais d’incitatifs, tout en anticipant les obligations de conformité à venir, ainsi que des obligations extra-financières qui seront requises très prochainement.
Ce changement de paradigme ouvre la voie à des opportunités inédites. L’adoption d’un cadre légal adapté est indubitablement le chaînon manquant pour habiliter nos leaders actuels à innover demain, tout en respectant les normes sociales et environnementales les plus strictes.
Dans un monde fragmenté, il est essentiel que nos choix contribuent à façonner une Suisse à la fois innovante et digne de confiance, qui avance résolument. Ces décisions forment le socle d’une nouvelle version du «Swiss made», synonyme de responsabilité et de durabilité. En cette nouvelle époque, ces engagements essentiels nous incitent à dépasser le statu quo et l’attentisme, marquant ainsi le début d’une ère de progrès et d’innovation responsable.
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La Suisse doit démontrer sa résilience en s’efforçant de combiner innovation et durabilité