Macron veut des «good jobs bien payés»
Le président français est venu devant le parterre mondial à Davos pour vendre son pays aux investisseurs et se poser en dirigeant européen
XA la France, mardi soir, Emmanuel Macron a parlé du besoin de réformes. Il fait face à un parlement qui lui complique la vie sur ses projets de lois, une extrême droite qui monte en puissance et surfe sur les enjeux sécuritaires et identitaires, une toute nouvelle ministre de l’Education qui a créé une levée de boucliers dès ses premiers mots dans cette fonction.
A Davos, hier, il est venu participer «à la conversation mondiale» et présenter le résultat de ses réussites six ans après sa première visite dans la station grisonne, au Forum économique mondial (WEF). Autre public, qu’il s’agit de séduire. Là, dans plusieurs cercles tout au long de la journée, la France dont le président de la République a parlé fonctionne, est la plus attractive d’Europe, a mené ses réformes, propose d’incroyables talents, produit l’énergie la plus propre et la moins chère du continent et atteint ses objectifs. Cette France marquera 2024, ses Jeux olympiques, son sommet de la francophonie et l’anniversaire du débarquement. Ce sera une année française, a-t-il répété dans la lignée de ses voeux du 31 décembre.
Emmanuel Macron, en posture de réformateur, veut donc poursuivre son travail, créer des «good jobs bien payés», développer de nouveaux secteurs d’activité (dans la tech, l’intelligence artificielle, le quantique et la défense, notamment) et investir. Accompagné de 20 chefs d’entreprise et de présidents de région, il a rappelé, comme s’il était devant un jury mondial, les années au service de la réindustrialisation et pour rendre l’Hexagone séduisant pour les investisseurs étrangers. «Aidez-nous à donner de l’espoir aux classes moyennes», a-t-il lancé à la salle, estimant que l’emploi est aussi la responsabilité des entreprises.
«Nous allons tout faire pour essayer de tenir le monde ensemble» EMMANUEL MACRON, PRÉSIDENT FRANÇAIS
Appel à créer des «eurobonds»
Mais c’est surtout en leader européen que le président français s’est positionné, rappelant les succès lors du covid et du soutien à l’Ukraine, profitant peut-être aussi de la faiblesse actuelle de l’Allemagne. Il a appelé l’Europe à émettre de la dette commune sous forme d’eurobonds, comme lors de la pandémie, justement, pour investir dans des «priorités d’avenir». L’épargne ne circule pas, estimet-il. Le député macroniste des Français de Suisse, Marc Ferracci, nous l’explique ainsi: «La référence aux eurobonds est une manière d’occuper le terrain en perspective des européennes, il y aura des visions antagonistes entre ceux qui veulent faire de l’Europe un outil de protection et d’investissement en commun d’un côté, et de l’autre ceux qui veulent défaire l’Europe telle qu’elle existe aujourd’hui.»
Sur le plan géopolitique, il veut «recréer du consensus», ne pas céder aux risques de division, face à la Russie notamment «qui ne doit pas gagner» et «quoi qu’il arrive aux Etats-Unis». Insistant néanmoins sur la fragmentation planétaire qu’il faut combattre et les risques liés à la désinformation. «Nous allons tout faire pour essayer de tenir le monde ensemble.»
«Soyez des optimistes lucides»
«L’Europe doit aussi contribuer à apaiser la situation au Proche-Orient, à garantir une assistance humanitaire et à oeuvrer pour une solution à deux Etats», a-t-il ajouté. A elle de travailler sa souveraineté pour réduire sa dépendance à la Chine et aux Etats-Unis. Elle est «le projet de ne pas être dépendant des grandes puissances». Et doit être efficace.
Il faut aligner ses agendas, se méfier de trop réguler si elle n’investit pas assez, implorant avant de quitter la scène les participants à être «des optimistes lucides». A son image puisque, dit-il, il commence l’année dans un état d’esprit «lucide et ambitieux». Le parterre de participants, dans la salle à Davos, applaudit. Selon le programme annoncé, le président devait enchaîner avec la soirée de «Business France», la structure de promotion de l’économie française, sous le titre «Make it iconic». Ou en bon français: «Marquer les esprits, choisir la France».
■