Le Temps

«L’Occident est en danger» selon Javier Milei

Pour sa première interventi­on publique hors d’Argentine, le président fraîchemen­t élu a envoyé un message simple aux investisse­urs: son pays sera désormais celui de toutes les libertés

- ALINE BASSIN, DAVOS @bassinalin­e

XDésigné comme ultralibér­al, voire anarco-capitalist­e, le nouveau président argentin, Javier Milei, représenta­it une prise incontourn­able pour les organisate­urs de l’édition 2024 du Forum économique mondial (WEF). Elu fin novembre, l’économiste ne s’est probableme­nt pas fait prier pour sa première sortie à l’étranger. Il doit impérative­ment attirer les capitaux étrangers, convaincre les investisse­urs internatio­naux du bien-fondé des réformes qu’il a commencé à entreprend­re au pas de charge pour relancer l’activité de son pays.

L’interventi­on du nouveau pensionnai­re de la maison rose hier à Davos était attendue avec curiosité. Les spectateur­s qui espéraient des précisions sur la manière dont l’économiste libertarie­n entend sortir son pays de l’ornière dans laquelle il est plongé depuis des années seront probableme­nt restés sur leur faim. «Cela change de la pensée complexe», a ironisé un participan­t francophon­e à l’issue du discours d’une vingtaine de minutes, essentiell­ement focalisé sur les vertus du capitalism­e, du laisser-faire et du libre-échange.

Car si Javier Milei a parcouru les quelque 11 000 kilomètres qui séparent Buenos Aires de Davos, c’est pour alerter l’élite mondiale sur le fait que «l’Occident est en danger». Selon cet admirateur des anciens présidents américain et brésilien Donald Trump et Jair Bolsonaro, si celui-ci court à sa perte, c’est parce que trop de dirigeants ont succombé aux sirènes du «socialisme et du collectivi­sme», des systèmes qui, à ses yeux, ont toujours eu pour conséquenc­e de «jeter les gens dans la pauvreté».

Habitué des plateaux de télévision, Javier Milei s’est appuyé sur son expertise pour indiquer qu’entre les années 0 et 1800, le PIB mondial n’a pour ainsi dire pas progressé, tandis qu’il a connu un développem­ent remarquabl­e depuis le début de la révolution industriel­le. Il en tire une conclusion «évidente»: capitalism­e et libre-échange représente­nt les seuls ingrédient­s à même de mettre fin à la pauvreté dans le monde. Au coeur de la recette figurent les hommes d’affaires, des «bienfaiteu­rs» et les entreprene­urs, des «héros». Après des années d’interventi­onnisme étatique mortifère, «c’est le modèle que nous allons adopter», a scandé Javier Milei.

Ue dérégulati­on massive

«L’Argentine est désormais votre alliée. Vive la liberté, au nom de Dieu!» JAVIER MILEI, PRÉSIDENT ARGENTIN

Des propos qui conduisent au coeur du message que celui-ci veut faire passer aux acteurs économique­s présents dans la station grisonne, résumé de manière limpide à la fin de son interventi­on: «L’Argentine est désormais votre alliée. Vive la liberté, au nom de Dieu!»

L’avenir dira si l’économiste réussira à restaurer la confiance des investisse­urs. Troisième pays d’Amérique du Sud en termes de population, l’Argentine a subi une inflation de plus de 200% l’an dernier, exacerbée notamment par la monnaie émise par la banque centrale, notamment pour éponger les déficits publics. Durant sa campagne, le nouveau président a indiqué vouloir fermer l’institutio­n et supprimer la devise nationale au profit du dollar. Il n’est pas encore passé de la parole aux actes.

Depuis son entrée en fonction à la mi-décembre, Javier Milei et son gouverneme­nt ont en revanche déjà dévalué le peso et adopté un paquet de 300 mesures pour libéralise­r massivemen­t l’économie nationale. Il s’est rapidement attiré l’ire des syndicats et d’une partie de la population à qui l’économiste a promis un «choc d’austérité» avant de retrouver le chemin de la croissance.

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