Chez les bousiers, on sait aussi coopérer
Le petit coléoptère coprophage fait montre d’interactions intraspécifiques qu’on ne lui soupçonnait pas
Quel rapport entre la chasse en meute des orques ou le babysitting chez les mangoustes? Un comportement de coopération au sein de ces espèces, maintenant bien identifié chez le minuscule bousier, expliquaient hier des chercheurs suédois et sud-africains.
Le petit coléoptère, présent sur tous les continents, se régale en bon coprophage des déjections de ruminants notamment. Et joue à ce titre un rôle éminent dans leur élimination et donc la bonne santé de l’environnement.
Le coup de la pelote fécale
Le bousier des deux espèces Sisyphus fasciculatus et schaefferi, très communes respectivement en Afrique du Sud et en Europe, «confectionne une pelote fécale qu’il fait rouler pour échapper à la concurrence», explique la biologiste Claudia Tocco, première autrice de l’étude publiée dans la revue Proceedings B de la Royal Society britannique.
La pelote va aussi bien servir de garde-manger que de nid pour les oeufs de l’insecte, avant de contribuer en se dégradant à la fertilisation des sols.
Claudia Tocco a placé des bousiers, par paires, dans une enceinte plate, puis munie d’obstacles de taille croissante, pour observer leur mode de coopération.
Premier constat, tous les tireurs des deux espèces étaient des mâles. Deuxième observation, la femelle poussait peu, voire pas du tout en terrain plat, un mâle se retrouvant seul étant aussi rapide qu’un couple.
Mais les chercheurs ont remarqué que dans l’attelage, où les deux participants avancent à reculons, le mâle tirant avec ses pattes de devant et la femelle poussant avec celles de derrière, ils avancent de concert sans se voir.
«Nous ne savons pas comment ils se coordonnent, mais nous pensons que c’est par un système de mécano-récepteurs, où chacun perçoit à travers la pelote les vibrations des efforts déployés par l’autre», explique la chercheuse.■