Le Temps

Christine Lagarde n’exclut pas une baisse des taux de la BCE

En marge du WEF, la présidente de la BCE a prévenu les acteurs des marchés financiers qu’il ne fallait pas anticiper trop vite un fort assoupliss­ement monétaire en 2024, la lutte contre l’inflation restant prioritair­e

- ALINE BASSIN @bassinalin­e

Les données, les données et encore les données. Christine Lagarde a les yeux rivés sur les indicateur­s économique­s qui vont dicter l’évolution de la politique monétaire cette année.

Dans un entretien public organisé mercredi matin par l’agence Bloomberg en marge du Forum économique mondial de Davos (WEF), la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a jugé possible qu’une baisse des taux directeurs européens intervienn­e cet été. «Je dirais que c’est probable, a-t-elle déclaré. Mais je dois rester réservée, car il y a encore un niveau d’incertitud­e et que certains indicateur­s ne sont pas au niveau attendu.» Dès demain, les gouverneur­s de la BCE doivent observer une réserve totale sur le sujet jusqu’à leur prochaine rencontre prévue en mars.

Ne pas ruiner les efforts accomplis

La banquière centrale met en garde contre un assoupliss­ement trop rapide qui pourrait «ruiner les efforts accomplis depuis deux ans» et prévient les acteurs financiers que les baisses de taux ne seront pas forcément aussi nombreuses qu’attendu: «Cela ne nous aide pas à lutter contre l’inflation si l’anticipati­on est telle qu’elle est beaucoup trop élevée par rapport à ce qui est susceptibl­e de se produire.»

Selon Bloomberg, les marchés monétaires ont réagi à ses commentair­es en revoyant leurs attentes. Ils prévoient désormais une baisse des principaux taux de la BCE de 140 points de base d’ici à la fin de l’année, ce qui équivaut à cinq réductions d’un quart de point. Ils sont actuelleme­nt compris entre 4 et 4,75%. En réaction aux propos de la présidente de la BCE, les principaux indices boursiers ont évolué en repli. A Paris, le CAC 40 fléchissai­t de 1,08% à 11h, tandis qu’en Allemagne le DAX baissait de près de 1%. A Zurich, le SMI évoluait dans les mêmes proportion­s.

«Il s’agit d’une question de taille critique. L’Europe doit être soudée et aller de l’avant» CHRISTINE LAGARDE, PRÉSIDENTE DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE

Appel à la cohésion en Europe

Si Christine Lagarde se félicite du travail qui a été fait jusqu’à ce stade, ramenant l’inflation de 10,2% en 2022 dans la zone euro à 2,9% en décembre (contre 2,4% en novembre), son attention est focalisée sur trois indicateur­s: les négociatio­ns salariales, les marges des entreprise­s mais aussi les chaînes d’approvisio­nnement. L’ancienne directrice du FMI n’exclut pas de nouveaux goulets d’étrangleme­nt tels que ceux qui ont été observés au sortir des confinemen­ts de 2020-2021. Ces ruptures de stock avaient attisé l’inflation.

Admettant que cela pouvait s’apparenter à une «obsession», l’avocate française a réitéré sa déterminat­ion à atteindre la cible de 2% fixée par la BCE pour l’évolution du niveau général des prix. Elle a observé au passage que les salaires n’ont pour l’heure pas augmenté dans les mêmes proportion­s que l’inflation, ce qui a entraîné une perte de pouvoir d’achat pour de nombreux employés.

Christine Lagarde appelle par ailleurs l’Europe à mettre ses divisions et ses intérêts nationauxd­e côté pour se montrer unie. Selon elle, le Vieux-Continent ne doit pas compter sur d’autres pays pour son avenir. Pour elle, l’enjeu est notamment financier et il s’agit d’accélérer les initiative­s relatives au changement climatique et la numérisati­on: «Il s’agit d’une question de taille critique. L’Europe doit être soudée et aller de l’avant.»

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