Le Temps

«Vermines», les petites bêtes qui montent, qui montent…

Devenue virale en France, cette série B mettant en scène une invasion d’araignées fait le parallèle entre insectes enfermés et jeunes de banlieues ignorés

- STÉPHANE GOBBO @stephgobbo

Sorti pendant les Fêtes en France, le premier long métrage du réalisateu­r autodidact­e Sébastien Vanicek est devenu un phénomène viral au point de pousser un distribute­ur suisse à le repêcher. Il faut dire que l’argument de Vermines est simple et efficace: «Face à une invasion d’araignées, les habitants d’un immeuble vont devoir survivre.» L’immeuble en question est un ensemble locatif de Noisy-leGrand dessiné par l’architecte russo-espagnol Manuel Nuñez Yanowsky. En son centre se trouve un spectacula­ire édifice de forme cylindriqu­e évoquant la rondeur d’une toile d’araignée parfaite.

Quant aux habitants, on va en suivre principale­ment cinq, tous des jeunes tentant de survivre en banlieue. Dont Kaleb, que l’on découvre alors qu’il s’offre pour 100 euros, dans un bazar miteux, une araignée du désert. «Attention, elle est peutêtre venimeuse», prévient le peu précaution­neux vendeur. Passionné d’insectes et de batraciens, Kaleb a transformé sa chambre en vivarium. Jeune homme solitaire et en colère qui porte le deuil de sa mère, il ne parle plus à son meilleur ami ni à sa soeur, si ce n’est pour lui hurler dessus. On s’en doute, il va à peine avoir le temps de baptiser sa nouvelle acquisitio­n Rihanna, parce qu’elle est belle, que celle-ci va lui fausser compagnie… et tisser un premier cocon.

Vraies et fausses araignées

La manière dont cette araignée zéro va en produire des dizaines, puis des centaines, puis des milliers d’autres, avec comme argument central un système de défense les rendant toujours plus agressives et plus grosses, est peu crédible. Mais comme on est dans une série B, on passera facilement outre les raccourcis scénaristi­ques pour goûter à un pur film d’exploitati­on plutôt bien foutu, car conscient de ses limites. Entre thriller survivalis­te et film de guerre, mélangeant vraies araignées (des spécimens sud-américains récupérés du trafic illégal, pour le dénoncer) et effets numériques, Vermines véhicule l’idée que ces bestioles que l’enfermemen­t énerve, ce sont aussi les habitants et habitantes de ces banlieues dont les élites politiques ne se préoccupen­t guère.

Vermines, de Sébastien Vanicek (France, 2023), avec Théo Christine, Sofia Lesaffre, Jérôme Niuel, Lisa Nyarko, Finnegan Oldfiueld, 1h45.

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